Les 420 000 membres du Front commun en éducation, en enseignement supérieur au niveau collégial, en santé et en services sociaux seront de nouveau en grève les 21, 22 et 23 novembre, ce qui les rapproche du déclenchement d’une grève générale illimitée.
« Si ces trois journées de grève ne sont pas suffisantes, on se dirige vers une grève générale illimitée, prévient Magali Picard, présidente de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ). Alors l’employeur a deux semaines supplémentaires devant lui pour revenir aux tables de négociations, faire [ses] devoirs et se présenter avec des offres sérieuses ».
Les porte-parole de la CSQ, l’APTS, la CSN et la FTQ étaient réunis devant le Collège de Maisonneuve lundi matin, pour souligner une première journée de grève dans le secteur public.
Les cégeps rouvriront leurs portes à midi, alors que la grève aura cours jusqu’à 10 h 30 dans les écoles primaires et secondaires. Dans le réseau de la santé, soumis à la loi sur les services essentiels, la grève a cours toute la journée.
Dans la prochaine séquence de grève en novembre, les 420 000 syndiqués seront en grève sans interruption pendant 72 heures, signe que l’artillerie « commence à être un peu plus lourde ».
Québec offre maintenant 10,3 % d’augmentation sur cinq ans à l’ensemble des employés de l’État, plus un montant forfaitaire unique de 1000 $ versé la première année. Il y ajoute une somme équivalant à 3 % réservée à des priorités gouvernementales comme des offres différenciées. Une offre jugée largement insuffisante par les syndicats.
« C’est clair qu’il fallait monter le ton », lance Éric Gingras, président de la CSQ. Des contre-propositions ont été faites aux différentes tables de négociations. « Arrivons à une entente », insiste-t-il.
Si grève générale illimitée il y avait, la perspective d’une loi spéciale ne suscite pas la crainte chez les dirigeants syndicaux. « Avons-nous peur d’une loi spéciale ? La réponse est non, assure Robert Comeau, président de l’APTS. Nous avons des gens déterminés derrière nous ».
Les enseignants du Collège de Maisonneuve rencontrés par Le Devoir lundi matin étaient tous très critiques de la dernière offre de Québec. Plusieurs attendent avec impatience que les syndicats « mettent en place un réel moyen de pression » et veulent se rendre jusqu’à une grève générale illimitée.
« En ce moment je travaille à temps partiel. Je suis payée 15 heures par semaine, mais j’en travaille 50 heures par semaine pour monter les cours, être là pour les étudiants, participer aux activités départementales, énumère Sarah Thibault, professeure de science politique depuis deux ans. Ce sont des choses qui font partie de la tâche, mais qui sont à l’extérieur de la classe et qui sont rarement pris en considération ».
« La charge de travail est immense quand on rentre dans le métier », renchérit son collègue, Guillaume Murphy. « La précarité peut durer très longtemps. On a un collègue, on va fêter l’obtention de sa permanence, mais ça fait presque 20 qu’il l’attend », ajoute-t-il, d’un air un peu ébahi.
De son côté, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a fait valoir que « les employés de l’État doivent bénéficier de bonnes conditions de travail », mais que les syndicats devaient aussi aider le gouvernement à améliorer l’organisation du travail « pour que les citoyens ressortent aussi gagnants de cette négo et aient accès aux services qu’ils méritent ».
Avec La Presse canadienne