À Gaza, «en plus de la peur de mourir, on a peur de la faim et de la soif»

Après les pénuries d’eau, d’électricité et d’essence, c’est le pain qui vient à manquer dans la bande de Gaza. Sulaf Abuwatfa s’est réfugiée il y a près de trois semaines dans le sud de l’enclave avec sa mère, son frère et sa soeur. « Il nous reste encore un peu de farine, alors on fait notre pain à la maison », raconte au Devoir la jeune femme de 19 ans qui partage désormais un logement avec 14 autres personnes.

Mais une fois les réserves épuisées, difficile de savoir ce que la famille fera. « Il n’y a plus d’endroits où on peut acheter de la farine », laisse-t-elle tomber. Nombreuses sont les boulangeries qui ont été détruites par les bombardements israéliens. Et celles qui sont toujours en fonction sont prises d’assaut par des files qui s’étirent pendant de nombreuses heures.

« En plus de la peur de mourir, on a peur de la faim et de la soif, souffle la jeune femme. On ne vit plus comme des êtres humains. »

C’est chez des proches au camp al-Nuseirat que Sulaf et sa famille ont trouvé refuge après que l’armée israélienne eut laissé tomber des tracts par avion sur la ville de Gaza pour encourager la population à prendre la route pour le sud de l’enclave.

« On est 14 dans le logement avec mes oncles, mes tantes, leurs enfants et mes grands-parents. Dans l’édifice, on est une centaine », alors qu’une trentaine de personnes y habitent généralement.

Tout manque

 

La jeune femme, qui étudiait en design intérieur avant l’embrasement, dit avoir de la difficulté à subvenir à ses besoins primaires. « L’eau manque, on ne prend presque pas de douche, on ne peut pas trop tirer la chasse d’eau. » Pour recharger les petits appareils électroniques, la famille utilise des panneaux solaires. Et la nourriture est précieusement utilisée. « On essaye d’économiser le plus possible ce qu’on a. »

La nuit, les bombardements les réveillent parfois en sursaut. « Une fois, une mosquée près de chez nous a été bombardée et les vitres de notre édifice ont volé en éclats. » Pour se distraire, son frère et sa soeur de 10 et 13 ans jouent encore parfois avec les voisins. « Mais la plupart du temps, ma mère veut les garder près d’elle. »

On ne vit plus comme des êtres humains

 

Si Sulaf en a la possibilité, elle aimerait quitter Gaza, elle dont le père et le frère aîné habitent aux Émirats arabes unis. « Mais en ce moment, c’est juste les étrangers qui parviennent à sortir », déplore-t-elle. « J’avais un avenir radieux, souligne-t-elle. Je voulais voyager, j’avais beaucoup de rêves, mais maintenant, tous mes rêves sont enterrés à Gaza. »

Même si elle dit garder espoir qu’elle pourra sortir vivante de cet enfer, Sulaf rappelle qu’Israël « ne peut pas en finir avec le Hamas sans en finir avec nous » puisque les combattants du Hamas « vivent parmi nous ».

Documenter sans relâche

 

Dans les dernières heures, l’armée israélienne a intensifié ses frappes sur la ville de Gaza, désormais encerclée par des chars israéliens. « Mon père et ma mère sont à Gaza. Ils ont eu très peur la nuit dernière », rapporte Mohammed Zaanoun, qui évoque des centaines de bombardements effectués en l’espace de quelques heures.

Depuis maintenant un mois, ce photojournaliste de 37 ans documente sans relâche la riposte d’Israël aux attentats du Hamas. Lui-même a dû quitter la ville de Gaza après la destruction de sa maison. « J’ai trouvé refuge avec ma femme et mes deux enfants chez mon oncle à Rafah », dans le sud de la bande de Gaza.

Il n’y a rien qu’il n’a pas vu, raconte celui dont les photos ont notamment été publiées dans le journal The Guardian et sur le site de CNN. Des bombardements, des explosions, des morts, du sang, des vies brisées et tellement de détresse. Il y a une dizaine de jours, M. Zaanoun s’est rendu dans la rue Salah Al Deen, dans la ville de Gaza, où plusieurs édifices venaient d’être bombardés.

« Un homme m’a dit que des membres de sa famille lui ont envoyé des messages pour lui dire qu’ils sont sous les décombres, explique-t-il. J’entendais des gens crier “À l’aide”, mais on était incapables de les aider. C’était atroce. Et ils sont encore sous les décombres dix jours plus tard. »

La fin de semaine dernière, le photojournaliste documentait les drames qui se jouent à l’hôpital Nasser à Khan Younès avec son collègue caméraman Mohammed Alaloul, qui travaille pour l’agence de presse turque Anadolu, lorsque ce dernier a appris que quatre de ses enfants venaient de perdre la vie. « Je suis allé voir avec lui ses enfants [décédés]. C’était très difficile. Il m’a dit : “je ne suis plus en vie maintenant”. »

Comme tant d’autres, Mohammed Zaanoun vit avec l’angoisse constante de recevoir une telle nouvelle. « On ne sait jamais ce qui peut se passer dans la prochaine heure. Et pendant ce temps, le monde entier regarde ce qui se passe à Gaza sans rien faire. »

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