À la COP28, des manifestants réclament un cessez-le-feu pour Gaza

Keffiehs et poings levés : plus d’une centaine de personnes ont protesté dimanche contre le pilonnage de la bande de Gaza par Israël lors de la conférence de l’ONU pour le climat à Dubaï, une manifestation soumise à de strictes restrictions imposées par les Nations unies.

Interdits de brandir des drapeaux palestiniens ou de scander certains slogans, les manifestants ont réclamé un cessez-le-feu à Gaza dans la « zone bleue » de la COP28, un espace géré par l’organisation mondiale et non par les autorités locales.

« Nous disons au peuple palestinien que la communauté internationale l’a peut-être oublié, mais qu’il n’est pas seul », a déclaré lors du rassemblement Asad Rehman, porte-parole de la Coalition pour la justice climatique.

Les Émirats arabes unis interdisent les manifestations et discours jugés susceptibles de créer ou d’encourager des troubles sociaux. 

Mais cette fois-ci, ce sont les règles strictes de l’ONU qui ont prévalu, interdisant de nommer des États, des dirigeants ou des entreprises dans le cadre d’actions militantes sur le site de la COP.

« Libérez la Palestine », a pourtant lancé M. Rehman aux manifestants, qui ont repris en scandant ses paroles avant d’être priés de se taire.

Une pastèque en guise de drapeau

Depuis le début des négociations sur le climat il y a quatre jours, la COP est devenue pour certains un rendez-vous climatico-diplomatique d’envergure, autour de la guerre meurtrière entre Israël et le Hamas, déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien au pouvoir à Gaza sur le sol israélien.

Les organisateurs du rassemblement de dimanche ont dû demander des autorisations pour manifester, faire approuver les banderoles, slogans et chants, dont certains ont été interdits par les Nations unies.

« Nous n’avons pas été autorisés à nommer des États ou brandir des drapeaux [palestiniens] », confirme Abderraouf Ben Mohamed, de l’organisation Debt for Climate. 

Certains manifestants ont donc choisi à la place d’afficher le symbole de la pastèque, utilisé pour évoquer les couleurs du drapeau palestinien et l’engagement pro-palestinien. 

Damian Godzisz, membre de l’équipe des Émirats arabes unis pour la COP28, assure qu’on lui a demandé d’enlever un drapeau palestinien et un keffieh attachés à son sac lors du contrôle de sécurité dans la « zone bleue ».

Il déplore que « tandis que d’autres nations peuvent arborer leur tenue nationale » à la COP, « le drapeau palestinien et le keffieh soient soumis à des restrictions ». 

« Tués de sang-froid »

Selon Israël, 1 200 personnes ont été tuées lors de l’attaque du Hamas. En représailles, l’armée israélienne mène des opérations aériennes et terrestres dans la bande de Gaza, qui ont fait plus de 15 500 morts, d’après le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.

La guerre a affecté la venue de la délégation de l’Autorité palestinienne, qui a ouvert son tout premier pavillon à la COP.

Seuls dix représentants ont réussi à rallier l’événement, déclare à l’AFP Hadeel Ikhmais, experte en climatologie auprès de l’Autorité palestinienne, qui siège en Cisjordanie occupée.

« Il était très difficile pour nous de venir ici et jusqu’à la dernière minute, nous avons reconsidéré notre participation », affirme Mme Ikhmais, qui a dû entreprendre un voyage de près de onze heures, ralenti par son passage à des check-points, depuis son domicile à Bethléem jusqu’à la Jordanie pour prendre un vol vers Dubaï.

« Que signifie la justice climatique, que signifie le droit international, lorsque des Palestiniens sont tués de sang-froid et que le monde se contente de regarder ? », interpelle-t-elle. 

« Souffrance des Israéliens »

Côté pavillon israélien, les visages des otages du Hamas sont affichés à côté d’une grande banderole proclamant : « Ramenez-les à la maison maintenant ». 

Selon Israël, sur les 240 personnes enlevées le 7 octobre par le Hamas, 137 restent détenues après les libérations, en échange de celles de détenus palestiniens, intervenues lors d’une trêve de sept jours qui a pris fin le 1er décembre.

Maya Kadosh, coordinatrice nationale d’Israël pour la COP28, dit ressentir des partis pris parmi les militants participant à la conférence. 

« J’aimerais qu’ils comprennent la souffrance des Israéliens », confie-t-elle à l’AFP, estimant que « si les gens veulent vraiment aider à libérer […] le peuple de Palestine, ils devraient l’aider à se libérer du Hamas ».

Israël avait prévu une représentation de 1 000 personnes à la COP28, mais la guerre a réduit ce chiffre à une centaine, dont une trentaine de membres de la délégation gouvernementale.

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