Ces jours-ci, plus d’une soixantaine de stations de radio communautaire et quelques stations privées indépendantes du pays se rassemblent pour les Jours de la radio à Québec. Sur le thème « L’ère de la transformation exponentielle », cet événement est l’occasion pour les gestionnaires d’échanger, de trouver des solutions, d’innover, de collaborer, et ce, grâce à une panoplie d’experts du pays et d’ailleurs dans le monde. Cependant, trouver des solutions devient de moins en moins un choix, mais de plus en plus une nécessité urgente pour que nous fassions notre devoir envers notre auditoire. En pleine crise des médias, il y a certes de l’inquiétude, mais surtout des questions à l’égard de la classe politique.
Pendant plusieurs années, les gouvernements qui se sont succédé n’ont pas toujours pris conscience de l’importance des investissements publicitaires ni de la mécanique de ces achats. Au Québec, le gouvernement de Jacques Parizeau, en février 1995, avait promis d’investir 4 % annuellement au sein des médias communautaires québécois. Près de 30 ans plus tard, sauf une exception ou deux comme la période pandémique, cette somme n’a pas été atteinte.
Au sein du gouvernement fédéral, il n’existe aucune mesure de la sorte, et les Canadiennes et Canadiens se sont retrouvés avec des budgets publicitaires profitant à des entreprises étrangères, ce qui provoque une sortie des capitaux au lieu d’un développement de nos communautés.
Le gouvernement Trudeau semble impuissant, sans véritable plan ni connaissance du terrain. Le projet de loi C-18 est un bel exemple. Le principe qui sous-tend cette loi est noble, mais la naïveté de croire qu’un tel projet allait rapidement et concrètement se mettre en place témoigne d’une déconnexion totale du terrain. Oui, il y a eu des concertations, mais l’idée du gouvernement Trudeau manquait visiblement d’un sens pratique et d’une vision des conséquences.
Tout en restant solidaires du principe à l’origine de C-18, nous constatons que le gouvernement n’avait pas pensé aux conséquences que peuvent avoir des médias locaux sur la population, qui a souvent besoin de l’information rapidement, dans des situations d’urgence telles que des inondations ou des feux de forêt. Nous avons salué le gouvernement fédéral et certaines provinces, ainsi que certaines municipalités, pour leur décision d’arrêter d’investir dans Meta, mais il y a eu un manque de planification pour la suite.
Chaque jour, les stations de radio communautaire du pays reçoivent des commentaires de la part de leurs auditeurs et de leurs lecteurs, qui demandent pourquoi les médias ne sont plus sur Facebook et Instagram. Les stations passent des messages en ondes, mais le fait qu’elles doivent expliquer continuellement C-18 démontre toute la faiblesse du plan.
Nos deux associations, qui représentent 65 stations de radio au pays, demandent plus que jamais qu’une campagne de sensibilisation auprès de la population soit mise en place. Il s’agit d’une solution à court terme, mais qui correspond au « gros bon sens » étant donné la décision du gouvernement d’aller de l’avant. L’idée d’imposer un minimum d’investissement dans les médias locaux de la part du gouvernement et de ses élus devrait suivre.
Nos associations ont d’ailleurs eu des conversations avec des députés qui doutent eux-mêmes de leurs actions. « On a peut-être agi trop rapidement », nous disent certains. À preuve, à voir certains partis politiques et certains élus continuer à investir argent et temps dans les plateformes de Meta, on constate que des réflexes perdurent. Certains élus préfèrent encore nourrir Facebook à communiquer avec leurs médias locaux, qui, pourtant, représentent l’intérêt du public.
Les stations de radio communautaire sont devenues, dans les dernières années, des productrices importantes de nouvelles locales, autant à la radio que sur le Web. Les plateformes de Meta permettaient de rendre le contenu plus accessible, surtout en cas d’urgence climatique.
À la veille de l’exécution de la menace de Google d’imiter Meta, il est plus que temps que le gouvernement fédéral se penche sur des actions et les moyens à prendre. Chaque compression au sein d’un média cache des drames humains. La situation à TVA comporte une histoire pour chaque individu qui perdra son emploi et un effet économique dans chacune des régions touchées.
Pour éviter une hécatombe rapide des emplois dans le domaine de l’information, au lieu d’une transformation exponentielle, il est plus que temps que les ordres de gouvernement et les élus agissent pour développer leurs médias de proximité et la démocratie locale. Un code d’éthique en matière de communication pour les élus aiderait fortement à améliorer les pratiques et même à rendre l’information plus accessible.
Nos collectivités francophones hors Québec et les communautés de partout au Québec veulent continuer à s’entendre et à avoir accès à de l’information de proximité. Soyons tous conséquents, prenons les actions qui s’imposent.