Appels à une enquête après des tirs israéliens lors d’une distribution d’aide à Gaza

La communauté internationale a réclamé vendredi un cessez-le-feu à Gaza et une enquête après des tirs israéliens et une bousculade pendant une distribution d’aide humanitaire qui a tourné à la tragédie jeudi, faisant plus de 110 morts, selon le Hamas, dans le territoire palestinien menacé de famine.

Le président américain, Joe Biden, a annoncé que les États-Unis allaient participer « dans les prochains jours » à des largages d’aide humanitaire sur la bande de Gaza, assiégée par Israël depuis le début de la guerre contre le Hamas il y a presque cinq mois.

Selon l’ONU, 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population, sont menacées de famine à Gaza, en particulier dans le nord où les destructions, les combats et les pillages rendent presque impossible l’acheminement de l’aide.

Les cargaisons, soumises au feu vert d’Israël qui impose un blocus à la bande de Gaza depuis que le mouvement islamiste y a pris le pouvoir en 2007, n’arrivent qu’en quantité très limitée, principalement depuis l’Égypte via Rafah.

Une famine « est quasiment inévitable, si rien ne change », a de nouveau averti vendredi le porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), Jens Laerke.

« Nous allons insister auprès d’Israël pour qu’il facilite l’entrée de davantage de camions et qu’il augmente les voies d’accès à Gaza. […] Il n’y a vraiment pas assez d’aide qui arrive à Gaza », a déclaré Joe Biden.

Plusieurs pays ont déjà largué des cargaisons d’aide, dont la Jordanie avec le soutien de plusieurs pays dont la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, ainsi que l’Égypte qui a fait décoller plusieurs avions jeudi en coopération avec les Émirats arabes unis.

La guerre et les pénuries ont notamment mis à genoux le système de santé local. Le ministère de la Santé du Hamas a affirmé vendredi que quatre enfants étaient morts de « malnutrition et de déshydratation » à l’hôpital Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Gaza.

« Enquête efficace »

Jeudi, des témoins ont affirmé que des soldats israéliens ont tiré sur une foule affamée qui se précipitait vers des camions d’aide humanitaire dans la ville de Gaza, dans le nord. Le bilan est de 115 morts et environ 760 blessés, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Un responsable de l’armée israélienne a confirmé des « tirs limités » de soldats qui se sentaient « menacés » et évoqué « une bousculade durant laquelle des dizaines d’habitants ont été tués et blessés, certains renversés par les camions d’aide ».

Principal allié d’Israël, Washington a exigé des « réponses » du gouvernement de Benjamin Nétanyahou après la tragédie et plaidé pour « un accord sur un cessez-le-feu temporaire ».

L’Union européenne a appelé à une enquête et à un cessez-le-feu humanitaire tandis que le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a demandé « une enquête indépendante efficace ».

Une équipe de l’ONU, qui a rendu visite à des blessés vendredi à l’hôpital al-Chifa, à Gaza-ville, a constaté « un grand nombre de blessures par balles », a déclaré le porte-parole de M. Guterres, Stéphane Dujarric. Il a ajouté que 200 blessés se trouvaient toujours dans cet hôpital sur plus de 700 qui y ont été transportés.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a causé la mort d’au moins 1160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Environ 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza durant l’attaque. Selon Israël, 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient morts, après la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël, lors d’une trêve fin novembre.

En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne.

Son armée pilonne sans répit la bande de Gaza et a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord du territoire, qui s’est progressivement étendue jusque dans le sud.

Les bombardements et les opérations militaires israéliennes ont fait jusqu’à présent 30 228 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas.

La branche armée du Hamas a affirmé vendredi que sept otages étaient morts au cours des dernières semaines dans des bombardements israéliens. Cette information n’a pas pu être confirmée de source indépendante.

Nouveaux raids israéliens

Vendredi, des dizaines de frappes ont ciblé notamment Khan Younès et Rafah dans le sud, selon le gouvernement du Hamas. Des combats au sol se poursuivent à Gaza-ville ainsi qu’à Khan Younès.

La tragédie de jeudi porte un coup aux efforts des pays médiateurs, qui avaient espéré une trêve pendant le ramadan, qui commence le soir du 10 ou le 11 mars.

Le Qatar, les États-Unis et l’Égypte tentent depuis des semaines d’arracher aux deux camps un compromis qui rendrait possible une trêve associée à de nouvelles libérations d’otages, mais aucune avancée concrète n’a été annoncée jusqu’à présent.

Le Hamas réclame notamment un cessez-le-feu définitif avant tout accord sur la libération des otages, ainsi que la levée du blocus israélien et l’entrée d’une aide humanitaire accrue.

Israël répète de son côté qu’une trêve devrait être accompagnée de la libération de tous les otages et ne signifierait pas la fin de la guerre, promettant que celle-ci se poursuivra jusqu’à l’élimination totale du Hamas.

Afin de vaincre le mouvement islamiste dans son « dernier bastion », Benjamin Nétanyahou a annoncé une prochaine offensive terrestre sur Rafah, à l’extrême sud du territoire, où sont massés près d’un million et demi de Palestiniens, selon l’ONU, piégés contre la frontière fermée avec l’Égypte.

Le premier ministre a affirmé qu’une éventuelle trêve ne ferait que « retarder » une telle offensive sur la ville, bombardée quotidiennement par Israël.

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