Après avoir scénarisé Athena pour Netflix, le réalisateur Ladj Ly revient avec Bâtiment 5 dont la bande-annonce présage un film coup de poing.
En 2019, Ladj Ly a surpris la France avec son premier long-métrage : Les Misérables. Cette critique sociétale avait su taper très juste, dressant un portrait très réaliste des conditions de vie des milieux défavorisés de la banlieue parisienne. Le film avait remporté quatre César dont celui du meilleur film. Depuis, si le réalisateur a eu quelques problèmes avec la justice, il a co-scénarisé Athena de Romain Gavras, énorme uppercut racontant le début d’une mini-guerre civile où autorités et banlieusards s’affrontaient.
Le film avait marqué le public de Netflix grâce à sa puissance immersive malgré un certain manque de subtilité. Une finesse que Ladj Ly a peut-être retrouvée avec son deuxième film (en tant que cinéaste), Bâtiment 5 et dont la bande-annonce vient de sortir.
Une critique sociale tout aussi acerbe
Le film se centre sur le personnage de Haby, incarné par Anta Diaw, résidente d’un immeuble condamné à être démoli. Aidée de ses voisins d’immeuble, Haby va mener une révolution contre les décisions du maire. Sans surprise, Ladj Ly réaborde donc les thématiques qui lui sont chères : la critique des autorités, la dénonciation des conditions de vie dans les quartiers pauvres en France, la question de l’immigration…Et à travers cette bande-annonce et certaines punchlines (“Y en a marre de voir toujours les mêmes nous gouverner, c’est à nous d’agir”), on peut supposer que la critique sera tout aussi frontale que dans Les Misérables.
Cela dit, Ladj Ly semble changer légèrement de point de vue ici en prenant beaucoup plus le parti de la banlieue, par rapport à sa première oeuvre. D’ailleurs, ces images laissent craindre que là où Les Misérables savait toujours taper juste, Bâtiment 5 tombe parfois dans le mélodrame un peu forcé. Par exemple, la bande-annonce laisse comprendre que certains habitants du bâtiment 5 risquent d’être expulsés à Noël, ce qui n’est, a priori, pas cohérent avec les lois françaises permettant la trêve d’hiver.
Policier, maire, charpentier… Manenti est très polyvalent
Ce qui peut rassurer en revanche, c’est la présence de plusieurs acteurs ayant déjà collaboré avec le réalisateur et ayant su faire leurs preuves. Anta Diaw, l’actrice principale, avait notamment joué dans Le Jeune Imam de Kim Chapiron, écrit et produit par Ladj Ly. On retrouve également Alexis Manenti, excellent dans son rôle de flic détestable dans le premier film de Ladj Ly. Il s’attaquera ici à un exercice bien différent en incarnant ici le rôle du maire.
Alors que le film est présenté au festival de Toronto et que les premiers avis devraient rapidement nous permettre d’en savoir plus, il faudra attendre le 6 décembre 2023 pour le découvrir en France.
