Québec veut répéter le succès de la formation accélérée offerte aux préposés aux bénéficiaires, mais cette fois dans le domaine de la construction. Un nouveau programme d’études rémunéré de quelques mois permettra, espère-t-il, de former entrer 4000 et 5000 travailleurs d’ici à l’été prochain.
Le premier ministre François Legault et trois de ses ministres en ont fait l’annonce en grande pompe lundi, sur le chantier d’une école secondaire non loin de l’ancien zoo de Québec. « On travaille à vous amener plus de monde ! » a lancé le premier ministre aux travailleurs de la firme EBC présents à la conférence de presse.
Une nouvelle attestation d’études professionnelles sera offerte pour cinq métiers de la construction : charpentier-menuisier, ferblantier, frigoriste, opérateur de pelle mécanique et opérateur d’équipement lourd. Les recrues ont jusqu’au 15 décembre pour s’inscrire à ce nouveau programme, pour lequel elles seront payées 750 $ par semaine.
Le gouvernement Legault évalue qu’il manque 6500 travailleurs à l’industrie de la construction au Québec. Il espère en recruter entre 4000 et 5000 grâce à cette initiative, qui devrait coûter 300 millions de dollars au Trésor public.
Les syndicats de la construction sceptiques
Saluée par les constructeurs, l’annonce a toutefois été accueillie avec scepticisme par les syndicats. « On va cannibaliser tous les autres métiers avec ça », a déploré le directeur général de la FTQ-Construction, Éric Boisjoli.
L’Association de la construction du Québec n’est pas de cet avis. Son porte-parole Guillaume Houle doute que des travailleurs actuellement sur les chantiers délaissent un salaire de 40 $ l’heure pour les 25 $ par heure de la formation. « On pense que ça va amener une clientèle différente qu’on ne vise pas à l’heure actuelle. »
D’une durée de 500 à 700 heures, le nouveau programme est environ trois fois moins costaud que celui d’un diplôme d’études professionnelles normal en construction.
Et à ceux qui craignent que ces nouveaux diplômés soient sous-qualifiés, le ministre du Travail, Jean Boulet, a fait remarquer que 89 % des gens qui accèdent aux cinq métiers concernés sont sans formation.
Le nouveau programme doit être déployé partout au Québec, mais certaines des formations ne seront pas offertes partout. Celle de ferblanterie, par exemple, sera offerte dans 16 centres de services scolaires, mais aucun d’eux n’est situé en Gaspésie ou en Abitibi-Témiscamingue. Il en va de même pour la formation en réfrigération, qui ne sera donnée ni en Outaouais ni au Saguenay–Lac-Saint-Jean.