Malgré la météo capricieuse, 159 coureurs de 23 équipes étaient dimanche matin sur la ligne de départ du 12e Grand Prix cycliste de Montréal, remporté cette année par le Britannique Adam Yates en 5 h 54 min. Le Canadien Michael Woods a terminé 15e, alors que le favori de la foule, le Québécois Hugo Houle, a été contraint à l’abandon. Mais au-delà de l’aspect compétitif, l’événement reflète la vitalité du sport et se veut un promoteur de saines habitudes de vie.
Les courses de Québec et de Montréal sont les seules épreuves en Amérique du World Tour de l’Union cycliste internationale (UCI), le même circuit qui présente notamment le Tour de France et le Giro d’Italie. Le parcours, qui ceinture le mont Royal sur 12,3 km, est effectué à 18 reprises par les athlètes pour une distance totale de 221,4 km et près de 5000 mètres de dénivelé.
Plusieurs spectateurs en bordure de parcours sont eux-mêmes cyclistes et se plaisent à voir des professionnels sur leur piste d’entraînement. C’est le cas de Quentin Gluzman, qui s’entraîne régulièrement sur la montagne : « J’ai l’habitude de faire le circuit, mais pas 18 fois, par contre », plaisante-t-il.
Un autre amateur, Raphaël Limbourg, assiste à la course depuis plusieurs années. « C’est un bel événement », dit-il, mais il est d’avis que les Montréalais ne se rendent pas compte de son importance. « Mes collègues, je ne pense pas qu’ils savent que ça existe et que c’est ce week-end. »
À ce propos, Sébastien Arsenault, p.-d.g. des Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal, souligne que l’événement est du « plus haut niveau, l’équivalent de la LNH ou de la NFL ». L’épreuve montréalaise jouit d’ailleurs d’une réputation enviable sur la scène internationale, selon M. Arsenault. Par sa distance et son dénivelé, « ça en fait la course d’une journée du World Tour la plus difficile. Les coureurs l’ont redit cette semaine lors d’entrevues ».
Une difficulté accrue sous la pluie, comme aujourd’hui, mais rien pour effrayer les cyclistes. « Oui, ça glisse plus, reconnaît le p.-d.g., mais ce sont des professionnels. Je suis souvent plus inquiet par le reste du parc automobile qui suit ». Il est assez impressionnant, en effet, de voir les voitures de service rouler sans difficulté à une centaine de kilomètres à l’heure sur le boulevard Édouard-Montpetit.
Pour plus que la victoire
L’événement vise aussi à faire rayonner le sport chez les néophytes. « Le symbole du vélo représente l’activité physique, les saines habitudes de vie [et] la mobilité durable », affirme Sébastien Arsenault.
La promotion de l’exercice physique a été désignée par plusieurs comme l’objectif d’une compétition de la sorte. Un but qui prend une signification particulière pour certains, dont Quentin Valognes, un ancien coureur pour l’équipe Novo Nordisk, constituée uniquement de coureurs diabétiques.
« Au lieu de me battre contre mon diabète, j’ai appris à me battre avec lui, dit l’ancien athlète. Quand on prend le départ d’une course, bien évidemment que l’objectif est de faire le meilleur résultat possible. Mais à côté de ça, on a aussi une mission, c’est d’inspirer les gens qui sont sur le bord de la route. »
Construire la « culture vélo »
Rencontré aux abords du parcours, Jean-François Rheault, p.-d.g. de Vélo Québec, explique que « les compétitions sportives en général sont une composante de la construction d’une culture du vélo » et se démarquent par leur accessibilité et leur gratuité.
« Ce qu’on voit, ce sont des athlètes professionnels qui […] peuvent inspirer des gens à faire du vélo, ajoute-t-il. Le parcours du mont Royal, je ne suis pas un professionnel, mais demain matin, je peux aller le parcourir. Quand on pense par exemple au hockey sur glace, on ne peut pas aller jouer au hockey [au] Centre Bell. »
M. Rheault se réjouit de la popularité du vélo pour l’aspect sportif, mais aussi pour le transport, le loisir et le tourisme. Il ne peut toutefois s’empêcher de critiquer la sécurité sur la voie Camillien-Houde. « C’est vraiment le moment de faire quelque chose, le statu quo est intenable, dit-il. […] On espère que la Ville va annoncer ses intentions le plus tôt possible. »