Le Syndrome chinois est un petit classique du thriller parce qu’il a anticipé les risques des centrales nucléaires. Ou quand le réel rattrape la fiction.
26 avril 1986 : la centrale nucléaire de Tchernobyl connaît un accident majeur, classé au niveau 7 sur l’échelle internationale des événements nucléaires (seul Fukushima l’y rejoindra). À cause d’une fusion du cœur du réacteur, celui-ci finit par exploser, lâchant dans la nature d’énormes quantités de radiations.
Bien évidemment, le cinéma n’a pas manqué d’accaparer le sujet une fois la tragédie survenue, notamment dans une pelletée de documentaires plus ou moins opportunistes. Cependant, les risques de l’énergie nucléaire ont été dépeints et dénoncés avant même que le monde ne soit paralysé par la catastrophe soviétique. En 1979, le réalisateur James Bridges a signé, en compagnie de Jane Fonda, Jack Lemmon et Michael Douglas, le thriller Le Syndrome chinois. Et si le film est toujours aussi flippant, il l’est encore plus quand on est conscient de sa nature prémonitoire.
“Derrière moi, vous pouvez admirer le décor dépaysant du prochain Marvel”
Coup de coeur en fusion
Quand on pense à la menace nucléaire, la culture s’est principalement emparée de la peur liée à son utilisation militaire, cristallisée par les événements d’Hiroshima et Nagasaki et par l’équilibre de la terreur durant la guerre froide. Pourtant, le nucléaire civil est tout aussi important. Son impact sur l’environnement et notre dépendance à sa création d’énergie méritent d’être interrogés, au même titre que sa dangerosité en cas d’erreurs humaines.
Il est intéressant de voir qu’à l’exception de fictions ou de reconstitutions liées à de véritables tragédies (Chernobyl, The Land of Hope…), peu de longs-métrages ont exploré les risques du nucléaire civil sans se rattacher au réel. À vrai dire, Le Syndrome chinois pourrait bien être l’un des premiers du genre, tombé à point nommé dans une société américaine qui entamait des débats sur le sujet.
“C’est trop calme, j’aime pas trop beaucoup ça”
Ouvertement alarmiste, James Bridges explicite ce point de vue dès le choix de son titre, qui se réfère à l’hypothèse scientifique la plus apocalyptique en cas de fusion d’un cœur de réacteur nucléaire. Pour faire simple, si les éléments combustibles échappent à ses diverses barrières, plus rien ne peut les retenir, et ils pourraient fondre jusqu’à percer la croûte terrestre. Dans le cas où la centrale se trouverait aux États-Unis, le cœur pourrait creuser jusqu’à atteindre l’autre côté du globe, en Chine.