Ces affiches devaient être collées partout en France, elles ont été censurées car elles ne plaisaient pas à tout le monde

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Ces affiches devaient être collées partout en France, elles ont été censurées car elles ne plaisaient pas à tout le monde

Deux campagnes de prévention massives étaient prévues dans toute la France pendant le mondial de rugby et après. mais vous ne verrez jamais ces affiches dans la rue…

Certains intérêts économiques sont-ils si puissants qu’ils peuvent radicalement infléchir les décisions des acteurs publics ? La Coupe du monde de rugby en France aurait pu être l’occasion pour les pouvoirs publics de communiquer sur les effets néfastes de l’alcool, mais le gouvernement a fait machine arrière. Selon Radio France, une campagne intitulée “Ne laissez pas l’alcool vous mettre KO”, a été annulée alors que tout était prêt : affiches, visuels, clips, plans de diffusion, etc. Malgré un travail de plusieurs mois, sa diffusion a été purement et simplement annulée in extremis.

Pourtant, le processus a été long et respectueux des exigences : en novembre 2022, le gouvernement, via la DGS, avait demandé à Santé Publique France de créer une campagne sur “alcool et rugby”. Une autre campagne intitulée “Quand on boit des coups, notre santé prend des coups” a également été rejetée. Elle mettait en évidence les risques liés à la consommation d’alcool régulière, notamment les troubles du rythme cardiaque et les AVC hémorragiques, selon Le Canard Enchaîné, qui s’est aussi ému de cette affaire.

Image de la campagne annulée par le ministre de , capturée par Radio France © Radio France

Pourquoi ces campagnes ont-elles été annulées ?

C’est lors de la présentation des visuels, tout au bout de la chaîne de validation, que tout semble s’être joué. Le cabinet de François Braun, alors encore ministre de la Santé, a décidé de mettre son véto sur ces campagnes. Elles ont été remplacées par le recyclage d’une précédente campagne de communication, à destination des jeunes.

Interrogé par France Info, le cabinet du ministère a répondu : “Dans le contexte d’un nombre important de campagnes portées par l’Etat et ses opérateurs dont SPF sur le deuxième semestre 2023, il a été décidé de revoir les priorités sur la thématique Alcool et de prioriser la cible ‘jeunes'”.

Mais le cabinet n’a pas mentionné “les pressions effectuées par les alcooliers sur les pouvoirs publics, et en particulier l’Élysée”, selon Myriam Savy, directrice du plaidoyer au sein de l’association Addictions France, également interrogée par France Info. Une lettre particulièrement virulente de Vin et Société, le lobby français du vin, adressée à Emmanuel Macron, illustre très clairement cette pression. On peut notamment y lire cette charge contre la communication préparée par les services du ministère, avant le veto du ministre : “A travers un slogan inepte, ce sont les moments de convivialité des Français qui sont directement ciblés. […] Cette campagne ne montre aucune scène de consommation excessive d’alcool, simplement des familles et des amis qui se retrouvent, des moments de partage qui unissent plusieurs générations”.

La censure des deux campagnes de prévention pourrait bien être directement liée aux revendications de cette lettre, selon Radio France. “C’est extrêmement inquiétant”, a ajouté Myriam Savy, auprès de RadioFrance, rappelant que “le coût social de l’alcool est de 102 milliards d’euros. On a l’impression que les intérêts économiques passent avant ceux de la population”.

Les associations de prévention ont rappelé que le gouvernement avait déjà fait machine-arrière en 2019 lors d’une campagne pour le “Dry January”. Cet évènement consiste à ne pas consommer d’alcool durant tout le mois de janvier. D’abord impliqué, l’exécutif avait préféré faire la sourde oreille à l’appel des associations au dernier moment.

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