Clavel prendra une pause après sa défaite par décision partagée

Kim Clavel peut accepter la défaite. Elle a toutefois bien du mal à accepter l’injustice.

Samedi, à la Place Bell, tout son clan a eu l’impression d’être victime d’une grave injustice à la suite de son revers par décision partagée face à l’Argentine Evelin Bermudez. Son promoteur le premier.

Yvon Michel a eu des mots très durs à l’endroit de la Régie des alcools, des courses et des jeux et du juge Benoît Roussel. Ce dernier a remis une carte de 96-94 en faveur de Bermudez (19-1-1, 6 K.-O.), tout comme le juge Frank Lombardi.

Ces deux pointages ont fait la différence : Bill Lerch avait vu le combat 98-92 en faveur de la Québécoise de 33 ans.

« C’était [samedi] mon 74e combat de championnat du monde. Partout dans le monde quand on se prépare à un tel combat, les commissions athlétiques présentent les juges aux promoteurs. On ne les choisit pas, mais si nous avons une appréhension sur un juge, on le dit et par courtoisie, on l’enlève tout le temps. C’était comme ça aussi avant au Québec. »

« Quand la Régie [des alcools, des courses et des jeux] nous a présenté les juges, on a dit : “On ne veut pas Benoît Roussel. Prenez n’importe qui, mais pas lui. On a des statistiques sur lui et ce n’est pas beau”. Mais c’est lui qu’ils ont choisi. »

Michel s’est expliqué davantage. Il assure que son organisation tient des statistiques sur les cartes des juges et que Bernard Barré, son bras droit au sein de GYM, lui avait fait part que si Roussel était mandaté pour ce combat, il devait demander à la Régie de l’écarter.

« On ne voulait pas aller publiquement avec notre demande. On ne voulait pas lui nuire. On voulait simplement avoir quelqu’un d’autre. N’importe qui en fait. […] On ne demandait pas la mer à boire, mais on ne voulait pas se retrouver dans cette situation-là aujourd’hui. Si un autre juge arrive au même résultat, on lui donnerait le bénéfice du doute. Mais dans son cas… »

Rejointe dimanche matin, la RACJ n’a pas souhaité alimenter la polémique.

« La Régie n’émettra pas de commentaire à ce stade, a déclaré par courriel Joyce Tremblay, porte-parole de l’organisme. Par ailleurs soyez assuré que les juges choisis, en l’occurrence M. Roussel, ont les qualifications et les compétences requises et notre organisme ne se laisse pas influencer par les demandes des promoteurs. Vous n’êtes pas sans savoir que M. Roussel a une renommée internationale. »

Sur ce point, Mme Tremblay tient un argument crédible : Benoît Roussel a oeuvré partout sur la planète et a officié lors de nombreux championnats du monde. Il a jugé 816 combats en tout dans sa carrière.

Michel a également accusé Roussel d’avoir été le juge donnant un pointage nul dans le combat de Marie-Pier Houle samedi, remporté par décision majoritaire par la Québécoise. C’est plutôt le juge Sylvain Leblanc qui a donné un pointage de 76-76. Roussel avait 77-75 en faveur de Houle.

Comme Lucas-Beyer

Michel et Stéphan Larouche étaient dans le coin d’Éric Lucas le 5 avril 2003 quand le Magogois a été victime d’un vol face à Markus Beyer. Ils n’ont pas hésité à comparer les deux événements.

« Quand tu vis une injustice comme celle-là, c’est difficile de trouver ta motivation par la suite », a indiqué Larouche, des propos très proches de ceux tenus par l’entraîneuse de Clavel, Danielle Bouchard.

« C’est très difficile à digérer, a-t-elle dit. Il va falloir que les gens qui nous ont toujours encouragés soient encore derrière nous. Ça peut nous donner l’élan qui nous propulsera vers l’avant encore mieux. Mais ce sera un jour à la fois. »

Quelle sera la suite pour Clavel (17-2, 3 K.-O.) ? Tout son clan est convaincu qu’elle appartient toujours à l’élite mondiale. Cette prestation ne devrait pas la faire trop reculer dans les classements. Mais avec Yesica Nery Plata et Bermudez qui se partagent les quatre ceintures, elle est un peu coincée.

« Je peux faire 105 comme je peux me battre à 112 livres. Je suis ouverte à tout », a indiqué Clavel.

Mais la suite pourrait être compliquée. C’est que les adversaires potentielles de Clavel, quand elles verront cette performance de très haut niveau, demanderont un fort prix.

« Les filles ne viendront pas se battre ici pour des peanuts, a laissé tomber Larouche. Et d’aller à l’étranger n’est pas une option. J’ai demandé à la promotrice de Bermudez combien elles donnaient pour des adversaires en Argentine. Elle m’a répondu autour de 20 000 $. Aucune chance qu’on aille se battre là-bas pour ce prix-là. »

Une chose est claire : ce ne sera pas une revanche contre Bermudez. Clavel était son aspirante obligatoire à l’IBF et la WBO — les deux ceintures conservées par Bermudez — et l’Argentine ne devrait pas prendre la chance de revivre le même genre de soirée une deuxième fois.

Houle satisfaite

Marie-Pier Houle (9-1-1, 2 K.-O.) a de son côté retrouvé le chemin de la victoire face à Cindy Reyes (4-2), qu’elle a vaincue par décision partagée.

Il s’agissait de sa première incursion chez les super-légères (140 livres) après avoir livré ses 10 premiers combats chez les mi-moyennes (147 livres). Elle s’était d’ailleurs inclinée devant Sandy Ryan en championnat du monde à sa dernière sortie.

Houle a admis avoir pris trop de coups dans ce duel, surtout au corps. Elle a ajouté que Reyes a offert la performance à laquelle elle s’attendait, ce qui n’a peut-être pas été son cas.

« Je ne suis jamais satisfaite à 100 %, a-t-elle déclaré. J’ai démontré que j’étais là. J’ai démontré que j’étais capable de boxer, d’être active sur mes pieds. Elle m’a frappée beaucoup au corps, c’est clair que ça m’a ralenti et que ç’a changé mon plan de match. Mais l’important, c’est la victoire. Je suis contente de ça. »

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