Sur la Terre de Netflix
Le défi était de taille pour Netflix : en huit épisodes d’environ 50 minutes, il fallait reconstituer la grande histoire de l’évolution, soit 4 milliards d’années d’une lutte acharnée pour la survie. En prime d’une tâche narrative complexe, il fallait également passer derrière un classique qui s’est déjà attaqué brillamment au problème, à savoir la série de la BBC Sur la Terre…, dont Sur la Terre des Dinosaures constitue indubitablement le magnum opus.
Les stars partagent un peu l’affiche
Pour tout fan de dinos (et autres bestioles préhistoriques) qui se respecte, la comparaison est inévitable. Et, pour une fois, il faut avouer que Netflix a bien fait les choses. Le tout grâce à plusieurs alliances majeures, qui ont facilité la réussite du projet. D’abord, en réitérant le partenariat fructueux avec Silverback Films, déjà derrière les deux saisons de Notre Planète sur la plateforme.
Mais également en s’associant à la société de production de Steven Spielberg, Amblin, et à ILM, le studio d’effets spéciaux de Lucasfilm, qui livre ici des modèles de synthèse absolument bluffants. Enfin, en attachant Morgan Freeman au projet, le N rouge s’est doté d’un narrateur idéal, dont la voix posée fait des merveilles. En bref, tous les ingrédients étaient réunis.
Le remake en live-action de l’Âge de Glace
Il était une fois… la vie
Si la comparaison peut paraître facile sur le papier, La Vie sur notre planète ne partage dans les faits presque rien avec Jurassic Park. Mais la série a eu la bonne idée d’emprunter au chef-d’œuvre de Spielberg un sens constant d’émerveillement et d’humilité face à son récit. À ce titre, elle constitue une fusion quasiment parfaite entre la fabuleuse dramatisation des Sur la Terre… et l’aspect beaucoup plus ludique de Planète Préhistorique.
Et on pleure toujours devant la météorite oui
Plus qu’un remake glorifié des documentaires de la BBC, son originalité réside dans ses passages réguliers par notre présent, portés par la réalisation d’images sublimes tournées en pleine nature (presque plus épatantes que la recréation de la préhistoire). Qu’il s’agisse d’une chasse de tigres à dents de sabres ou d’une scène de séduction entre deux araignées sauteuses, La Vie sur notre planète déploie sa magie à tous les instants.
De ce fait, elle établit également des parallèles intelligents entre ce qui paraît (très) lointain et ce qui est tout proche de nous, louant par la même occasion l’extraordinaire capacité d’adaptation de la nature. La plupart des dynasties qui nous côtoient sont vieilles de plusieurs centaines de millions d’années, et ont survécu à toutes les catastrophes avant notre arrivée.
Des images somptueuses
Armageddon time
Heureusement, cette démonstration de force s’accompagne d’un discours plutôt malin sur la crise que traverse actuellement notre planète. La série fait en effet le choix de rythmer ses épisodes au gré des 5 extinctions de masse répertoriées depuis la naissance de la vie sur Terre. Jusqu’à prophétiser la probable sixième… causée par l’Homme.
La Vie sur notre planète joue ainsi son rôle de divertissement ludique jusqu’au bout, avec une image de fin particulièrement glaçante (qui peut rappeler La Planète des Singes). Grâce à son jeu d’échelles de temps, la série achève de remettre la société humaine à sa place, soulignant le terrible bilan de notre existence : en seulement 10 000 ans sur la Terre, nous avons déjà mis la planète à genoux.
Netflix tente de s’asseoir sur la concurrence
Il reste certainement des points à corriger pour Netflix : une narration éparpillée pas toujours simple à suivre, la musique de Lorne Balfe, pas désagréable mais très répétitive, et un chapitre introductif laborieux. Néanmoins, la mission reste réussie pour la plateforme : les nostalgiques de Sur la Terre des dinosaures et consorts sortiront satisfaits, alors que les non-initiés tomberont sous le charme de cette grande épopée.
La Vie sur notre planète est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 25 octobre 2023