Dans les vignes, la politique de l’UE manque d’ambition

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La politique de l’UE sur la viticulture a « comme un goût de bouchon ». La Cour des comptes européenne a estimé ce lundi que, dans ce domaine, les exigences environnementales sont très insuffisantes. Avec ses 2,2 millions d’exploitations, l’UE représente 59 % de la production mondiale de vin.

Dans le cadre de sa Politique agricole commune (PAC), l’UE a versé quelque 500 millions d’euros par an à ses viticulteurs entre 2014 et 2023 pour leur permettre « de restructurer les vignobles et de renforcer leur compétitivité ». Les résultats ont été peu concluants, estiment les experts de la Cour après un audit mené en France (vallée du Rhône, Provence), en Italie, Espagne, République tchèque et Grèce.

Absence de critère de compétitivité

Les projets ont été financés « indépendamment de leur contenu ou degré d’ambition, sans tenir compte des critères visant à favoriser la compétitivité », conduisant à financer « des changements non structuraux ou même le remplacement normal des vignobles », normalement non éligibles.

En outre, les viticulteurs ont depuis 2016 la possibilité de demander l’autorisation de planter des vignes supplémentaires, pour accroître leur surface de production (de 1 % par an au maximum) en évitant toute offre excédentaire : un cadre réglementaire adopté « sans analyse pour vérifier s’il était pertinent »… et là encore sans conditionner les feux verts à des critères de compétitivité. Surtout, l’institution basée au Luxembourg fustige l’absence d’ambition environnementale, grande absente de la politique de « restructuration » promue par Bruxelles.

Du vin rouge, blanc mais « rarement vert »

« Le vin peut être rouge, blanc ou rosé, mais son mode de production est rarement vert (…) Dans la pratique, l’aide européenne n’est pas allée à des projets permettant de réduire l’impact de la viticulture sur le climat et l’environnement » et pire, « peut produire l’effet inverse en favorisant des cépages plus gourmands en eau », s’alarme la Cour.

Ainsi, l’augmentation annuelle de « 1 % maximum » des surfaces de vignobles, une mesure prolongée pour une durée supplémentaire de 15 ans (jusqu’en 2045), « n’a jamais été évaluée d’un point de vue environnemental », souligne-t-elle. La nouvelle PAC, qui s’applique depuis janvier, ne fixe toujours aucun critère environnemental pour le financement de la restructuration, et les Vingt-Sept ne sont tenus de consacrer à l’adaptation au changement climatique que 5 % des fonds dévolus au secteur viticole, un taux « étonnamment faible », s’alarme le rapport.

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