Les jeunes adultes affichent un niveau de stress financier de loin plus élevé que la moyenne. Un besoin criant de littératie financière, que tout cela ?
Il a été question en avril de la détérioration rapide de l’abordabilité et du difficile accès à la propriété d’un logement davantage ressenti pour les plus jeunes. Et ça ne s’est pas amélioré depuis. Ne serait-ce que sur la base d’un taux hypothécaire moyen de 6,33 %, de nombreux demandeurs de prêt devant se soumettre à des tests de résistance à 8,3 % ou plus. La version 2023 de son Baromètre de préparation à la retraite du cabinet en ressources humaines Mercer mettait l’accent sur les millénariaux. S’ils affichent un statut de locataire leur carrière durant, les travailleurs de la génération Y doivent épargner 50 % de plus que les propriétaires s’ils veulent disposer d’un revenu suffisant à la retraite. Dit autrement, un millénarial qui loue durant toute sa carrière devrait épargner huit fois son salaire afin d’être prêt à la retraite, et prendre celle-ci à 68 ans. Ce même millénarial, s’il était propriétaire de son logement, n’aurait besoin d’épargner que 5,25 fois son salaire, et pourrait prendre sa retraite trois ans plus tôt, à 65 ans, disait-on.
Il y a toutefois espoir. En juin, il était évoqué que dans le sillage de la génération qui la précède, la génération Z pourra compter sur un rapport de force favorable sur le marché de l’emploi qui pourrait changer la donne. Pour l’avenir, même pas si lointain, l’anxiété de ces jeunes adultes devrait se transformer en une certaine confiance.
Mais, dans l’intervalle, il faudra traverser la zone de turbulences d’une récession vraisemblablement en cours qui, faut-il espérer, permettra de revenir vers l’équilibre entre l’offre et la demande dans tous ces secteurs présentement en crise ou sous haute tension.
Donc, pour le quotidien, les Canadiens restent préoccupés par les factures à payer et l’endettement. Un sondage d’Equifax Canada mené en amont du présent Mois de la littératie financière fait ressortir un degré de stress financier élevé, qui se veut plus intense chez les jeunes :
36 % des jeunes adultes ont déclaré avoir manqué un paiement de facture cette année, comparativement à 23 % de l’ensemble des répondants ;
52 % des répondants âgés de 18 à 34 ans éprouvent de l’anxiété au sujet de leur endettement personnel, ce qui est nettement supérieur à la moyenne globale de 39 % des autres répondants ;
45 % des répondants s’inquiètent du remboursement de leurs dettes (prêts hypothécaires, prêts étudiants).
L’abordabilité des logements demeure la grande préoccupation, près du tiers des répondants ayant eu besoin d’un revenu supplémentaire pour absorber la hausse de leurs paiements hypothécaires ou de leur loyer. Ils sont également nombreux à entrevoir un déménagement en réponse à l’inaccessibilité des logements. Les jeunes adultes sont aussi plus susceptibles d’explorer les « petits boulots » ou d’envisager d’occuper un deuxième, voire un troisième emploi pour s’acquitter de leurs obligations financières. Quant aux attentes face à la retraite, on n’y pense même pas.
Dans l’édition d’automne de son Sondage sur le bien-être financier des Canadiens, la Banque Royale en rajoute. Le stress lié à l’argent fait non seulement perdre le sommeil aux générations X, Y et Z*, mais il a également un effet négatif sur leur santé mentale et leurs relations personnelles. Ainsi, « 59 % des répondants de la génération Y, 53 % de la génération Z et 47 % de la génération X déclarent subir « un stress important » dans leurs relations personnelles liées à leurs finances, contre une moyenne nationale de 43 %. Et une grande majorité des trois générations conviennent qu’elles seraient plus heureuses si elles avaient davantage confiance en leur avenir financier (88 % de la génération Z, 86 % de la génération Y, 80 % de la génération X). »
À titre d’illustration du portrait d’ensemble, les données d’un sondage annuel de l’Institut national de la paie auprès des travailleurs nous apprennent que « le nombre de salariés considérés comme appartenant à la grappe des travailleurs financièrement stressés a augmenté de 20 points de pourcentage dans la dernière année seulement, et représente désormais 37 % de la main-d’oeuvre au pays. » Pour maintenir leur tête hors de l’eau, 63 % dépensent l’entièreté de leur salaire net et 30 % plus que leur paie, ce qui les oblige à s’endetter ou à puiser dans leur épargne à chaque cycle de salaire. Et l’on dit se surprendre d’observer que 35 % de ces salariés financièrement stressés touchent plus de 100 000 dollars par année.
De la place pour la littératie
Ce qui ne peut faire que ressortir l’importance de la littératie financière. D’autant que près de la moitié des répondants au sondage d’Equifax disent n’avoir jamais eu d’éducation financière. Au demeurant, les jeunes adultes âgés de 18 à 34 ans sont plus susceptibles d’utiliser les médias sociaux aux fins d’éducation financière, soit dans une proportion de 42 %, contre 22 % de l’ensemble des répondants.
D’autant, aussi, que seulement 15 % des répondants à un sondage du site spécialisé en finances personnelles WealthRocket considèrent qu’on peut faire confiance à ces médias sociaux. Mais chez les plus jeunes, le groupe des 18 à 34 ans est le plus susceptible de les consulter pour obtenir des conseils financiers et les suivre. En particulier, les 18 à 24 ans accordent le plus de confiance aux médias sociaux, 9 % d’entre eux allant même à les trouver « extrêmement dignes de confiance ».
* Selon la classification de Statistique Canada, la génération X est composée de personnes nées entre 1966 et 1980. La Y comprend les personnes nées entre 1981 et 1996 et la Z, entre 1997 et 2012.