L’uniforme va faire son retour à l’école. Le ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal, doit préciser en automne les modalités de l’expérimentation qui doit évaluer les effets du retour de la tenue unique. Des villes sont déjà volontaires.
L’uniforme va-t-il être de retour dans les écoles ? Très probablement dans certaines. Le ministre de l’Education nationale a déclaré le 4 septembre 2023, jour de la rentrée scolaire, sur RTL, vouloir “lancer assez vite des expérimentations” sur le port de l’uniforme. Gabriel Attal a donné rendez-vous à l’automne pour préciser “les modalités d’expérimentation”, lui qui souhaite tester le retour de la tenue unique avec une “vraie méthodologie d’évaluation” pour constater les effets de la mesure.
La question de l’uniforme scolaire revient sur le devant de la scène après une semaine de débats sur l’interdiction du port de l’abaya et du qamis à l’école. Alors que la moitié droite de l’échiquier politique estime que le retour de l’uniforme est la meilleure réponse, le ministre n’est pas de cet avis. “Je ne suis pas sûr que ce soit une solution miracle qui permette de régler tous les problèmes”, a-t-il indiqué réaffirmant sa position sur le sujet. Reste que le ministre est prêt à tenter le coup comme il l’indiquait fin juillet dans un entretien fleuve accordé à Midi Libre : “L’expérimentation est toujours utile pour faire progresser le débat, dans un sens ou dans l’autre”. Trop tôt donc pour s’avancer sur le possible retour définitif de l’uniforme à l’école, la réponse à cette question sera conditionnée aux résultats de l’expérimentation, laquelle doit être évaluée selon ce qu’elle “permet en matière de transmission, d’élévation du niveau à l’école et de restauration de l’autorité dans nos écoles”.
Où le port de l’uniforme à l’école pourrait être expérimenté ?
A peine Gabriel Attal a-t-il évoqué l’idée d’évaluer les effets du retour de l’uniforme dans les établissements scolaires que les volontaires pour participer à l’expérimentation se sont fait connaître. Fin juillet, c’est le maire de Béziers, Robert Ménard, qui déclarait sur France Bleu, le 7 août, “lever la main” pour prendre part à l’essai. Si l’édile proche de l’extrême droite est favorable au retour de l’uniforme, il dit ne pas être “assez naïf pour penser que l’uniforme ou la blouse à l’école va tout régler”. Une telle mesure pourrait toutefois “régler partiellement un certain nombre de questions”, notamment éviter la “course à la mode”, gommer les différences sociales, calmer le “narcissisme ambiant” et “lutter contre le harcèlement scolaire”, selon le maire de Béziers.
Autre volontaire dans la liste : le maire de Perpignan Louis Aliot (RN) ou encore le président des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti (LR), et son homologue dans les Bouches-du-Rhône, Martine Vassal (LR). Cette dernière suggère d’organiser une “grande concertation avec l’Education nationale et les parents d’élèves afin d’expérimenter le port de l’uniforme dans les collèges” de son département. Le patron des Républicains milite pour sa part pour un port de l’uniforme généralisé. Gabriel Attal, entend ces propositions sans y répondre.
Ces écoles qui imposent déjà l’uniforme
Rares sont les établissements scolaires qui imposent l’uniforme de nos jours. Parmi eux, on trouve notamment les lycées de la Défense, ex-lycées militaires, soit six établissements, selon TF1 Info : le Prytanée national militaire à La Flèche, les lycées militaires d’Aix, d’Autun et de Saint-Cyr, le lycée naval de Brest et l’École des Pupilles de l’Air et de l’Espace de Montbonnot-Saint-Martin. Les maisons d’éducation de la Légion d’honneur, établissements réservés aux seules descendantes de décorés de la Légion d’honneur, imposent également l’uniforme à leurs élèves, tout comme l’internat d’Excellence de Sourdun, en Seine-et-Marne (depuis mars 2012).
Si en métropole le port de l’uniforme à l’école est donc plutôt rare, en outre-mer, celui-ci est beaucoup plus répandu. À noter qu’il s’agit parfois plus d’une tenue imposée que d’un véritable uniforme en Martinique, en Guyane ou en Guadeloupe. Par exemple, un t-shirt d’une certaine couleur peut être demandé. Comme le rapporte le quotidien régional L’Union, en janvier 2023, un tiers des établissements publics l’imposaient en Martinique. Selon La 1ère, en Nouvelle-Calédonie, depuis 2017, le port de l’uniforme a été généralisé dans les écoles de la province sud. Du côté de la Polynésie, sept collèges de Tahiti l’ont rendu obligatoire.
Uniforme à l’école : que dit la loi ?
Le retour de l’uniforme à l’école est un débat récurrent en France. Cependant, celui-ci n’a jamais été rendu obligatoire pour l’ensemble de l’enseignement public en France métropolitaine, rappelle TF1 Info. Si beaucoup d’enfants ont, certes, revêtu la blouse pendant leurs années d’école, le but était avant tout de limiter les tâches d’encre sur les vêtements. Une tenue qui est peu à peu devenue obsolète avec l’avènement du stylo bille, relate l’historien Claude Lelièvre, dans son livre L’école d’aujourd’hui à la lumière de l’Histoire.
Les uniformes en tant que tels étaient davantage mis en place dans le privé ou dans des établissements publics se revendiquant plus sélectifs. Dans l’enseignement secondaire en revanche, l’uniforme a été imposé par Napoléon au moment de la création des lycées, en 1802. Une obligation levée en 1914, mais certains établissements ont laissé la tradition perdurer jusqu’à, pour les plus résistants, 1968. C’est finalement la crise estudiantine qui les aurait contraints à abandonner l’uniforme une bonne fois pour toutes.
Aujourd’hui, comme le rappelait l’ancien ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye en janvier 2023, “les établissements, en toute liberté, par une modification de leur règlement intérieur, peuvent [tout à fait] imposer, s’ils le souhaitent, une tenue scolaire”.
Uniforme à l’école : pourquoi Brigitte Macron est pour
Dans une interview accordée au Parisien et réalisée par sept lecteurs du quotidien, publiée le 12 janvier 2023, Brigitte Macron s’est déclarée favorable au port de l’uniforme à l’école. Rappelant aux panélistes son combat contre le harcèlement scolaire, elle a aussi évoqué la raison pour laquelle elle soutenait le port d’une tenue préétablie par les établissements scolaires.
“J’ai porté l’uniforme comme élève : quinze ans de jupette bleu marine, pull bleu marine”, s’est-elle remémoré auprès du Parisien. Une expérience dont elle garde un bon souvenir. La première dame a considéré les avantages d’une uniformisation des tenues : elle n’apporterait pas de différenciation entre les élèves et fournirait un gain d’argent “par rapport aux marques”, a-t-elle soutenu. Cela serait aussi l’occasion pour les étudiants de gagner du temps car “c’est chronophage de choisir comment s’habiller le matin”. Si l’uniforme devait faire son retour dans les écoles françaises, il y aurait toutefois une condition soutenue par Brigitte Macron : il faudrait “une tenue simple et pas tristoune”.