La prolifération des prêts-à-boire québécois n’est pas près de faiblir. Deux entreprises, Cintech agroalimentaire et la Station Agro-Biotech, ont annoncé mercredi un partenariat ayant pour objectif de soutenir l’émergence de nouvelles boissons individuelles.
Le Devoir a rapporté récemment l’engouement de nombreux entrepreneurs québécois pour la création de boissons originales en canettes, du thé glacé aux imitations de cocktails, en passant par les eaux pétillantes aromatisées.
Mais plusieurs jeunes pousses sont découragées par la difficulté de passer de l’innovation à la production et distribution, estime Jonathan Robin, président fondateur de la Station Agro-Biotech. Elles n’ont pas souvent les moyens d’investir dans des machines de fabrication à la chaîne. Certaines d’entre elles sous-traitent cette étape auprès d’entreprises plus importantes, se tournant parfois vers l’Ontario, mais les volumes demandés sont souvent élevés.
Selon Jean Lacroix, président-directeur général de Cintech, des entrepreneurs sont ainsi forcés de produire trop rapidement en trop grande quantité. Les risques d’échec sont bien présents : « Jusqu’à 8 produits sur 10 ne restent pas plus d’un an sur les tablettes », souligne M. Lacroix, citant quelques analyses internationales et canadiennes, dont une de la firme Nielsen.
Or, celles qui le souhaiteront pourront à l’avenir bénéficier d’un service de recherche et de développement auprès de Cintech, puis utiliser des installations de la Station Agro-Biotech pour fabriquer et tester une petite quantité de produits sur le marché. C’est que l’entreprise derrière des marques comme la distillerie Noroi, les boissons sans alcool Atypique et la microbrasserie Le Bilboquet a investi dans une nouvelle usine afin de produire de plus importants volumes et faire concurrence aux gros joueurs de l’industrie. Elle mettra donc son ancienne ligne d’encanage à la disposition des clients de Cintech.
« S’il y a des entreprises vraiment innovantes, on pourrait même les distribuer et les mettre en marché, donc leur donner un coup de main dans la bataille des tablettes », a commenté M. Robin.
De plus grandes entreprises pourront également utiliser ce processus pour s’assurer que leurs nouveaux produits répondent aux goûts des consommateurs avant de les lancer à grande échelle, affirme M. Lacroix.
Selon lui, à une ère où les marges de profit sont minces, l’avenir de l’industrie agroalimentaire passe par de telles mutualisations. « C’est intéressant pour plusieurs entreprises de se mettre ensemble pour investir dans des technologies modernes, robotisées, qu’elles vont partager », d’autant qu’elles peuvent aussi partager les coûts de la main-d’oeuvre spécialisée.
Aujourd’hui, les entreprises doivent proposer de nouvelles saveurs aux consommateurs, qui recherchent notamment des ingrédients plus naturels, plus locaux et plus écoresponsables, constate le p.-d.g. de Cintech.