Faut-il craindre la dépression saisonnière avec le changement d’heure?

Les Québécois et la plupart des Canadiens gagneront une heure de sommeil dans la nuit de samedi à dimanche, mais perdront par le fait même une heure de clarté en soirée. Un changement redouté par ceux qui, à l’approche de l’hiver, se disent susceptibles de souffrir de dépression saisonnière.

Tandis que de nombreuses études ont mis en évidence d’autres répercussions liées au changement d’heure, telles qu’une hausse des accidents vasculaires cérébraux, des accidents de la route et des erreurs médicales, la science demeure floue quant au risque de dépression saisonnière. Le Devoir s’est entretenu avec un psychologue pour remettre les pendules à l’heure.

Maxime De Gélas, codirecteur de la Clinique de psychologie du parc Laurier, se réfère aux recommandations du DSM-5, la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’Association américaine de psychiatrie.

L’ouvrage « ne reconnaît pas le terme “dépression saisonnière”, mais fait état d’un “trouble dépressif avec caractère saisonnier” », dit-il. « On peut établir un diagnostic si les symptômes dépressifs se produisent sur plus de deux semaines, s’ils affectent le fonctionnement psychosocial et s’ils sont liés à un changement de saison. »

La Société canadienne de psychologie (SCP) définit quant à elle le « trouble affectif saisonnier (TAS) » comme « un trouble de l’humeur qui va et vient en fonction des changements saisonniers, apparaissant à l’automne et disparaissant au printemps ou à l’été ». Environ 15 % des Canadiens auraient ressenti des symptômes légers au moins une fois dans leur vie, tandis que de 2 % à 3 % auraient déclaré des symptômes graves. La SCP ajoute que 10 % des diagnostics de dépression au Canada seraient « le fait du TAS ».

Atténuer les symptômes

Que l’on ait reçu un diagnostic de « trouble dépressif ou non, l’arrivée de l’automne exige des adaptations pour tout le monde, et peut augmenter le volume de difficultés déjà existantes », précise M. De Gélas. « Le changement d’heure affecte notamment le cycle veille-sommeil, ce qui peut nous rendre plus irritables et dérégler nos émotions. » C’est pourquoi « les gens en parlent beaucoup en clinique » et que « les demandes pour des consultations en psychothérapie sont accrues pendant l’hiver ».

Le psychologue soutient qu’il est « normal de se sentir affecté » par les changements d’heure et de saison. « L’une des premières choses que les gens peuvent faire pour atténuer leurs symptômes, c’est donc de se préparer psychologiquement et de se donner un peu de temps pour s’adapter. Il faut aussi continuer les activités que l’on faisait avant le changement saisonnier, comme le sport et les sorties avec les amis, même si l’on peut avoir tendance à s’isoler, et même si ça peut s’avérer plus difficile qu’avant. »

« Si jamais on ne constate aucune amélioration malgré ces efforts, on peut penser à consulter », dit-il. La SCP indique que la thérapie cognitivo-comportementale, le counseling et les thérapies psychodynamiques sont particulièrement efficaces et majoritairement recommandés.

Un débat récurrent

Immanquablement, le changement d’heure suscite des débats sur sa légitimité. Le mois dernier, le Parti québécois a déposé une pétition à l’Assemblée nationale pour l’abolir, évoquant qu’il « n’amène rien de bon, surtout pour le sommeil ».

Le parti souverainiste avait déjà déposé une motion, en 2019, dans le but de mettre en place un groupe d’étude sur la question. S’il s’est dit ouvert à « l’étudier » en 2020, François Legault n’a pas donné suite à cette proposition.

Le Yukon et la Saskatchewan ont par ailleurs déjà aboli le changement d’heure, alors que d’autres provinces songent à le faire.

Ainsi, pour l’heure, cette mesure controversée tient le coup dans l’est du Canada. Dimanche, à 2 heures du matin, il sera en fait 1 h. Le recul sera automatique sur la plupart des téléphones et des ordinateurs, mais devra être effectué manuellement sur bien des horloges et des réveille-matin. Il est également recommandé de profiter de ce moment pour changer les piles des détecteurs de fumée de sa résidence.

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