Il est « trop tard » pour sauver la maison d’enfance de René Lévesque

Le maire du village natal de René Lévesque perd espoir de voir un jour la maison d’enfance de l’ancien premier ministre retrouver ses airs de jeunesse. « Dans ma tête, il est déjà trop tard », lance-t-il, plus de deux ans après que Québec en a fait l’acquisition. 

La façade avant tient encore le coup, mais l’arrière ne paie pas de mine. Revêtement arraché, moisissures qui débordent jusqu’à l’extérieur, intérieur « déplorable » : le maire de New Carlisle, David Thibault, désespère. « Il faudra refaire la maison au complet. »

Québec a racheté le bâtiment en 2021 pour le conserver et le redonner au public. Depuis, aucune rénovation substantielle n’a été effectuée. Seul un écriteau « Projet de mise en valeur de notre patrimoine » témoigne sur place de la volonté de préserver ce bâtiment qui a vu grandir l’un des pères de la Révolution tranquille.

Une rencontre a eu lieu au printemps dernier entre les représentants du ministère de la Culture, le maire Thibault, et d’autres intervenants concernés. La discussion portait sur l’éventuelle vocation du lieu. Sans nouvelle par la suite, « on est bien loin des travaux », se désole aujourd’hui l’élu. Un budget avoisinant le million de dollars a pourtant été promis par le gouvernement du Québec.

« Ramener à l’ancienne manière, avec un revêtement en bardeaux de cèdre, ça va être vraiment un gros travail. »

D’autres gardent espoir. Gaétan Lelièvre, président de l’Espace René-Lévesque, se considère « optimiste ». Le bien est classé patrimonial, après tout. Le propriétaire — le gouvernement du Québec en l’occurrence — est donc tenu de protéger autant l’extérieur que l’intérieur de l’immeuble. « Je n’ose pas croire qu’ils n’iront pas de l’avant. Tu ne peux pas l’acquérir et ne pas t’en occuper », insiste-t-il. « On est optimiste, mais on trouve que c’est long. »

Chaque hiver abîme un peu plus la maison bâtie en 1905. Le constat, après des décennies d’abandon, paraît évident, concède M. Lelièvre. « C’est presque une perte totale. La restauration va coûter aussi cher que de reconstruire la maison. »

Les membres de son équipe ont participé aux discussions de l’an dernier avec Québec, et ils souhaitent intégrer la vieille bâtisse à l’Espace René-Lévesque, le musée situé à une centaine de mètres de la maison. Déjà, un touriste sur deux qui visite l’endroit demande à voir ladite maison ; leur déception n’a d’égal que l’état du lieu.

Le ministère de la Culture et des Communications du Québec n’avait pas répondu à nos demandes d’entrevue au moment où ces lignes étaient écrites.

Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.

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