Alors que le secteur public s’apprête à faire la grève dès lundi pour exiger des améliorations importantes de nos services publics, le Québec se retrouve aujourd’hui à un carrefour critique. Allons-nous appuyer cette grève qui vise à améliorer les conditions de travail des personnes qui nous offrent des services au quotidien ? Allons-nous financer adéquatement nos infrastructures sociales ? La Fédération des femmes du Québec soutient cette grève et nous appelons la population à en faire de même !
Un enjeu féministe
Les demandes d’amélioration des conditions de travail et d’augmentations salariales des syndicats sont formulées pour faire face à des besoins urgents dans les milieux de travail : pour éviter des épuisements professionnels, pour s’assurer que la charge de travail est divisée adéquatement, pour pallier le manque de main-d’oeuvre, pour répartir équitablement nos ressources et pour éviter la précarité.
L’inaction face à ces besoins concrets aura des impacts catastrophiques sur notre filet social et sur la précarisation des femmes puisqu’elles représentent près de 80 % des effectifs dans les domaines touchés, soit l’écrasante majorité. Les disparités d’augmentations salariales sont flagrantes et ce sont toujours les femmes qui s’appauvrissent davantage.
Le gouvernement a offert 10,3 % d’augmentation salariale aux services publics sur cinq ans, ce qui représente à peine plus que l’inflation des deux dernières années. Or, en juin dernier, l’Assemblée nationale s’est octroyé une augmentation salariale de 30 000 $ (30 %) et les syndicats des corps policiers ont refusé une augmentation salariale de 21 %, la jugeant insuffisante.
Ces disparités dans les augmentations salariales ne sont pas le fruit du hasard, mais une démonstration concrète de la dévalorisation et de la dépréciation constante du travail des femmes et particulièrement celui des femmes racisées, qui sont surreprésentées dans ces milieux. C’est une honte qu’en 2023, nous devions encore mener ce combat pour la reconnaissance du travail des femmes, surtout quand il s’agit de secteurs aussi essentiels que la santé et l’éducation.
Toujours nos « anges gardiens »
Pendant la pandémie, le gouvernement et la population chantaient les louanges de nos « anges gardiens », celles et ceux qui sacrifiaient leur santé tant physique que mentale pour répondre à la crise. On voit ici une reconnaissance à deux vitesses et un opportunisme évident : lorsque la société s’écroule, nous avons besoin de nos « anges gardiens », mais lorsqu’il est temps de leur offrir des conditions de travail décentes, alors là, le budget n’y est plus.
Aujourd’hui, ces mêmes personnes se mobilisent et se sacrifient pour répondre à une autre crise : le sous-financement chronique de nos services publics. Car cette grève est bel et bien un sacrifice pour des milliers de personnes qui perdent leur rémunération pour une durée indéterminée. Ce n’est pas une décision prise à la légère, mais bien le seul moyen de pression que les travailleuses et travailleurs possèdent pour que leur patron (le gouvernement) les entende. C’est le seul moyen de créer un rapport de force avec un patron qui ne semble pas se soucier des besoins de sa main-d’oeuvre.
Nous allons prendre conscience dans les prochains jours, et encore davantage lors des grèves générales illimitées qui seront déclenchées à la fin novembre, que chacune et chacun d’entre nous dépend des services publics. Les effets de la grève vont se faire sentir, car ces services offerts sont essentiels et absolument vitaux au bon fonctionnement de notre société.
À travers tout cela, il faut se souvenir que les grévistes ne réclament pas l’impossible, elles et ils réclament ce dont nous avons besoin pour survivre en tant que société. Ce n’est donc pas leur combat, mais notre combat.
À notre tour de les soutenir
Que faudra-t-il pour pousser le gouvernement, à la fois négociateur et législateur, à reconnaître enfin la valeur inestimable des services publics, tout particulièrement des travailleuses et des travailleurs, qui apportent tant à la société québécoise et dont le rôle est absolument crucial ? C’est simple : un appui sans précédent à la grève des secteurs publics !
Il est impératif de montrer notre soutien aux travailleuses et travailleurs, de reconnaître que nous méritons infiniment mieux que ces propositions gouvernementales qui menacent de démanteler les services sociaux sur lesquels repose l’ensemble de notre société.
Cet appui peut prendre différentes formes : participation aux manifestations, pétitions, lettres ou appels à votre députée ou député, publications sur les réseaux sociaux, etc. L’important étant de montrer au gouvernement que nous reconnaissons l’injustice qui frappe les travailleuses et les travailleurs des services publics et que nous sommes solidaires. Que nous méritons mieux !