Confier à la Caisse de dépôt le mandat de réimaginer le tramway de Québec revient à envoyer le projet de transport structurant de la capitale « dans le dalot », peste l’opposition à l’Assemblée nationale. À Ottawa, le ministre Jean-Yves Duclos craint une « tentative de sabotage ».
Au lendemain de la décision du gouvernement de François Legault d’envoyer la balle dans le camp de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), les groupes d’opposition ont accusé la Coalition avenir Québec (CAQ) de précipiter l’oraison funèbre du tramway.
« Ça fait 20 ans qu’il y a des études là-dessus, des consultations par du monde de Québec. Il y a eu des consultations dans des quartiers. Puis là, la CAQ se trouve une autre façon d’essayer d’envoyer ça dans le dalot. Ça me fait capoter », a lancé le député solidaire de Jean-Lesage, Sol Zanetti, visiblement exaspéré.
Sur le réseau social X (ex-Twitter), le député fédéral de Québec et ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, n’a pas mâché ses mots, jeudi. « La tentative de sabotage du projet de tramway retarde encore davantage la modernisation de notre transport collectif et en augmentera les coûts », a-t-il écrit.
D’après lui, le financement du gouvernement fédéral est plus fragilisé que jamais. « Notre capitale nationale est à risque de voir le plus grand investissement canadien de son histoire lui glisser entre les doigts », a-t-il ajouté. M. Duclos affirmait cette semaine qu’Ottawa serait prêt à débourser jusqu’à 4 milliards de dollars pour un projet de transport structurant à Québec.
Déclaration de Jean-Yves Duclos, député de Québec.
« Je suis triste et déçu de la volte-face annoncée hier. Cela fait maintenant plus de cinq ans que le gouvernement canadien a promis d’être au rendez-vous et appuie le projet de transport collectif moderne de la Ville de Québec.
— Jean-Yves Duclos (@jyduclos) November 9, 2023
Pas mort
Jeudi, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a réitéré que le tramway demeurait « une option parmi les autres », même si le plan B à 8,4 milliards de dollars du maire de Québec, Bruno Marchand, a été écarté.
Mais en enlevant à la Ville de Québec le droit d’être donneuse d’ouvrage, le gouvernement met à risque l’« autonomie municipale », selon l’élu péquiste de Jean-Talon, Pascal Paradis. « Il y avait un projet de tramway qui était sur la table, qui pouvait se réaliser avec des coûts raisonnables », a-t-il dit. « Ce n’est pas une bonne journée pour le transport collectif, ce n’est pas une bonne journée pour la capitale nationale. »
Le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, a choisi une simple expression pour dresser le bilan de la CAQ en transport collectif à Québec : « c’est patate avec la CAQ ». « À la fin de leur mandat, à la fin de leurs huit ans, ça va être patate, François Legault, dans la capitale nationale. Zéro puis une barre. Il n’aura rien livré pendant huit ans », a-t-il lancé.