La diaspora marocaine du Québec affligée après le séisme dévastateur

Le puissant séisme qui a frappé le Maroc vendredi et fait au moins 2100 morts et 2400 blessés laisse dans son sillage une diaspora ébranlée au Québec.

« Ça fait mal au coeur », souffle Oussama Fakir, au bout du fil. Le Marocain, qui habite à Val-d’Or en Abitibi-Témiscamingue, peine à regarder les nouvelles à la télévision, où le bilan des victimes n’a cessé de s’alourdir tout au long de la fin de semaine.

La famille de M. Fakir, qui se trouve dans les villes de Mohammédia et El Jadida, au nord de Marrakech, est cependant en sécurité, affirme-t-il. Il a toutefois peu dormi ces derniers jours. « J’ai parlé avec mon père, avec ma soeur et toute ma famille pour essayer de voir ce qui se passait vraiment », relate le préposé aux bénéficiaires.

Tard vendredi soir, un tremblement de terre de magnitude 7, selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 d’après le service sismologique américain), est survenu au Maroc. Il s’agit du séisme le plus puissant à avoir été mesuré dans ce pays d’Afrique du Nord.

La province d’Al-Haouz, épicentre du séisme au sud de la cité touristique de Marrakech, au centre du Royaume, a été durement touchée. Un deuil national de trois jours a été décrété samedi.

Les moments après le tremblement de terre ont été marqués par la panique et le stress, raconte le député du Parti libéral du Québec, Monsef Derraji, joint à Montréal par Le Devoir. L’élu, né à Marrakech, a d’abord été inquiet pour sa famille qui réside toujours là-bas. « Heureusement, ils sont en sécurité. Il y a quand même des dégâts matériels dans la maison », ajoute-t-il.

« Ce que je peux dire, c’est que ce qui reste maintenant, c’est vraiment le traumatisme. C’est difficile de guérir très rapidement », soutient-il. D’autant que les plus âgés ont en mémoire le violent tremblement de terre de 1960 qui avait touché la ville d’Agadir, sur la côte ouest du Maroc, et avait emporté près de 15 000 personnes. « Toute aide psychologique, que ce soit dans les zones sinistrées ou ailleurs, est très très très valorisée et demandée maintenant par la population locale. »

Depuis le séisme, le leader parlementaire de l’opposition officielle relate avoir reçu des « tonnes de messages » de gens cherchant à offrir leur aide. « C’est vraiment formidable de voir la mobilisation des Québécois avec tout ce qui se passe au Maroc », souligne-t-il.

Une course contre la montre

 

À l’heure actuelle, le pays se trouve dans une « phase critique », explique François Audet, directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaires.

Une véritable course contre la montre s’enclenche dans les jours suivants un séisme, souligne le professeur à l’Université du Québec à Montréal. « Il y a encore énormément de zones et d’édifices qui se sont écroulés pour lesquels il n’y a pas encore eu d’opérations d’urgence pour essayer de voir s’il y avait des survivants. Évidemment des humains qui sont dans les décombres sans eau, sans manger, certains sont surement blessés en plus, ne peuvent pas vivre très longtemps. »

Parallèlement, les équipes sur le terrain s’affairent à répondre aux besoins fondamentaux de la population qui a survécu à la catastrophe, détaille M. Audet. « On parle d’eau, de nourriture, de couvertures, parce que certaines zones affectées sont en altitude et les nuits sont froides. Et évidemment, il y a les soins médicaux pour les personnes blessées. »

Une dizaine de jours après le tremblement de terre, alors qu’il est désormais peu probable de retrouver les disparus en vie, on entre dans la phase de réhabilitation, poursuit-il. « Ce sera de faire le nettoyage et de s’assurer qu’il n’y a pas d’enjeux sanitaires, parce que dans des cas de destruction d’infrastructures comme ça, le système sanitaire et d’eau potable est détruit. »

Les opérations humanitaires internationales sont généralement d’une grande aide lors de cette étape, car elles peuvent installer rapidement des latrines, soulève François Audet. « Cela va permettre à la population d’avoir le minimum et anticiper par la suite ce qu’on appelle phase de reconstruction. »

Avec l’automne qui fera baisser le mercure dans les régions touchées par le séisme, il sera urgent de commencer à rebâtir les édifices qui ont été ravagés, soutient Abdelhaq Sari, vice-président de l’association Soleil des orphelins. « La quiétude passe par une condition sine qua non, c’est d’avoir un toit au-dessus de la tête. »

Son organisme, qui vient en aide aux orphelins du Canada et de l’Afrique, sera aussi à pied d’oeuvre pour soutenir les enfants qui auront perdu leurs parents dans le tremblement de terre. « On est en train de voir comment on peut aider la région. C’est sûr qu’il y aura des orphelins après cette tragédie », se désole-t-il.

Avec l’Agence France-Presse

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