La gériatrie sociale pour éviter un « gériageddon »

Ce que nous souhaitons pour nos proches qui avancent en âge, c’est qu’ils maintiennent leur autonomie de sorte qu’ils puissent vivre à domicile le plus longtemps possible. Comment concilier ces souhaits avec tout ce qu’on entend actuellement sur le réseau de la santé et avec le vieillissement accru de notre population ?

Le Québec compte environ 750 000 habitants de 75 ans et plus. Dans 20 ans, ce sera 1,5 million ! Encore plus inquiétant, selon l’Institut national de santé publique du Québec : 60 % des adultes québécois ne possèdent pas un niveau suffisant de « littératie en santé » pour bien prendre soin d’eux-mêmes. S’il faut se garder d’y voir une situation catastrophique qu’on pourrait qualifier de « gériageddon », nous n’avons plus le luxe d’attendre.

Ce que nous proposons avec la gériatrie sociale depuis près de 10 ans est de ramener au premier plan la prévention de la perte d’autonomie par des intervenants qui y sont consacrés, mais aussi la mobilisation communautaire et la transmission de connaissances et d’outils inspirés de la gériatrie à la population.

La prévention avant tout (l’exemple des chutes)

Au Québec, chaque année, jusqu’à un aîné de 65 ans et plus sur trois, donc environ 500 000 personnes, fait une chute. Ces chutes engendrent chaque année plus de 6 % de toutes les visites à l’urgence, autour de 84 000 transports ambulanciers et de 21 000 hospitalisations, ainsi que des blessures nécessitant des soins médicaux pour presque 50 000 aînés. Au bas mot, les chutes représentent plus d’un milliard de dollars en coûts annuels, en plus de générer souffrance et inquiétude…

Maintenant, attardons-nous au sort réservé aux quelque 350 000 aînés qui n’ont pas eu besoin de soins. Il y a là, pour ceux-ci, une occasion ratée de prévenir plutôt que de guérir, surtout quand on sait que le principal prédicteur d’une chute est d’avoir déjà une chute à son actif dans l’année ! Que faire, alors ?

D’abord, il faut éduquer davantage la population et faire en sorte qu’un message très clair en ressorte : faire des chutes à un certain âge n’est pas normal. Cela cache souvent d’autres conséquences. Parlez-en à un professionnel de la santé et informez-vous sur les gestes qui sont à votre portée et que vous pouvez poser vous-même pour préserver votre autonomie ou celle d’un proche.

Ensuite, il faut développer davantage la prévention active à domicile avec des mécanismes qui vont mettre en avant des interventions de promotion-prévention qui peuvent réduire les chutes de manière importante, telles que faire des exercices pour améliorer force et équilibre, rendre l’environnement plus sécuritaire, se faire évaluer (et corriger) la vue, vérifier si on a des baisses de pression, etc. Personne n’a besoin de permission pour mettre ces éléments en pratique. C’est ce que la Fondation AGES préconise depuis 2019 en soutenant des projets de gériatrie sociale dans 18 territoires dont les intervenants sont outillés notamment pour prévenir les chutes à domicile.

Dans les dernières années, la Fondation AGES a formé plus de 5000 personnes comme « sentinelles » en gériatrie sociale. Nous souhaitons avoir formé d’ici 2031 50 000 personnes. Imaginez l’incidence de ses paires de bras, qui pourront en plus contribuer à améliorer la santé des aînés du Québec et peut-être alléger la pression sur les services ! En participant à ces formations, nous pouvons faire en sorte que de moins en moins d’aînés se retrouvent par terre ou dans une ambulance pour quelque chose qui aurait facilement pu être évité par une personne informée. Car une personne informée en vaut deux.

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