La présidente de l’OCPM admet ses erreurs

Plongée au coeur d’une tempête depuis plusieurs jours, la présidente de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), Isabelle Beaulieu, reconnaît que certaines dépenses effectuées par son bureau depuis le début de son mandat ont été inappropriées et que le temps est venu de revoir les pratiques au sein de l’organisme.

Isabelle Beaulieu est sortie de son mutisme mercredi pour parler publiquement de la controverse entourant la gestion des fonds publics au sein de l’organisme qu’elle dirige depuis février 2022.

En entrevue au Devoir, elle soutient que les rencontres de travail dans les restaurants sont désormais chose du passé. Au cours des derniers jours, une enquête des médias de Québecor a notamment révélé qu’en 18 mois, la facture des repas au restaurant avait atteint 7981 $. « J’ai continué avec les pratiques qui étaient en place. Oui, j’ai fait des rencontres de travail dans des restaurants près de l’Office. C’étaient des pratiques de l’Office depuis longtemps, mais ces pratiques vont changer. Il n’y aura plus de dépenses au restaurant pour des rencontres de travail », a-t-elle affirmé.

Les voyages ont aussi fait l’objet de nombreuses critiques en raison non seulement de leur coût, mais également du flou entourant leurs bénéfices. Ils sont désormais suspendus jusqu’à nouvel ordre. « L’Office a toujours fait des relations internationales. Je n’étais pas au courant comment se faisaient les relations internationales, a-t-elle dit. Cela dit, je suis tout à fait d’accord qu’il est temps qu’on s’assoie et qu’on regarde ça. Les dépenses, les frais de représentation et les voyages qui ont été mis au jour, ce sont des questions légitimes. »

Quant aux autres dépenses controversées, Mme Beaulieu reconnaît que l’achat d’écouteurs sans fil de 900 $ était une erreur. « J’aurais dû prendre du matériel moins cher. » En revanche, elle estime que les écrans interactifs, qui ont coûté plus de 20 000 $, sont des équipements justifiés pour la bonne tenue des consultations citoyennes. « Ce sont des tableaux qu’on a comme dans toutes les institutions d’enseignement. Ce ne sont pas des télévisions. Il n’y en a pas dans mon bureau », explique-t-elle.

Elle juge aussi utile l’achat de nouveau mobilier pour les activités de consultation publique.

Retour précipité

 

La mairesse Valérie Plante, qui reprochait mardi à Mme Beaulieu son refus de répondre aux questions du Journal de Montréal, a mandaté la vérificatrice générale de la Ville afin qu’elle scrute les dépenses de l’OCPM. Le maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais, a de son côté convoqué Mme Beaulieu devant la commission des finances, qu’il préside, afin qu’elle rende des comptes sur sa gestion.

Isabelle Beaulieu entend « collaborer entièrement » à l’audit qui sera mené par la vérificatrice générale. « Ça va nous permettre d’avoir de l’aide pour mieux structurer et moderniser la gestion de l’Office », avance-t-elle.

Alors qu’à Montréal, la controverse faisait rage, le secrétaire général de l’OCPM, Guy Grenier, participait mardi à un colloque organisé par l’Observatoire international de la démocratie participative à Rio de Janeiro, au Brésil. Isabelle Beaulieu a indiqué qu’après sa présentation dans le cadre de l’événement, M. Grenier a annulé tous ses autres rendez-vous et est rentré à Montréal mercredi. Elle estime toutefois que la participation de M. Grenier à ce colloque était justifiée, l’événement portant sur la « démocratie participative pour des villes diversifiées, inclusives et transparentes ». « C’est exactement le coeur de notre travail. On n’a pas la science infuse. On s’inspire des échanges avec les autres. On ne réfléchit pas à la participation citoyenne juste entre nous, à Montréal », dit-elle.

Malaise

 

Pour expliquer son silence des derniers jours de même que son refus de répondre aux questions de Québecor pendant l’enquête, Mme Beaulieu invoque le devoir de réserve auquel elle se plie généralement. « La plupart du temps, on garde notre devoir de réserve pour ne parler que des activités de l’Office. » Elle soutient aussi qu’elle ignorait sur quels éléments et quelle période porteraient les reportages de Québecor.

Isabelle Beaulieu, dont le mandat a aussi été marqué par des allégations de climat toxique au sein de son bureau, ne compte pas démissionner. « J’ai l’intention de continuer d’améliorer l’Office. Ça appartient aux élus de déterminer si je suis la bonne personne. »

À Québec, la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, a cependant indiqué que Mme Beaulieu et M. Grenier devraient envisager de quitter leurs fonctions. « Il y a un malaise. Ces deux personnes ont des comptes à rendre. Si les faits révélés à J.E. sont véridiques, ces deux personnes doivent réfléchir pour la suite, et très rapidement », a-t-elle déclaré à la sortie du Conseil des ministres mercredi.

Avec Alexandre Robillard

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