La vente à perte du carburant peut-elle vraiment faire baisser les prix à la pompe ?

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La vente à perte du carburant peut-elle vraiment faire baisser les prix à la pompe ?

Comme indiqué par la Première ministre Elisabeth Borne ce week-end, le gouvernement va autoriser exceptionnellement les distributeurs à vendre leur carburant à perte. Qu’est-ce que cela pourrait changer pour les automobilistes ?

Depuis la rentrée, le gouvernement cherche des solutions pour tenter d’endiguer la hausse des prix des carburants. Il faut dire qu’en deux mois les tarifs se sont envolés à la pompe, contribuant d’ailleurs à maintenir très haut le taux de l’inflation en France (4.8 % sur un an au mois d’août). Le gasoil a pris 20 centimes durant l’été, pour se vendre en moyenne aujourd’hui à 1.88 euro le litre. Le Sans-Plomb 95 coûte pour sa part 12 centimes de plus en moyenne qu’au mois de juin. Il faut débourser 1.93 euro pour chaque litre injecté dans le réservoir de sa voiture.

Après avoir rejeté l’idée de relancer le chèque-carburant – une aide de 100 euros octroyée à certains ménages déployée en début d’année -, le gouvernement a obtenu la semaine passée de la part du groupe TotalEnergies la prolongation de son blocage des prix à 1.99 euro au-delà de 2023. Pour aller plus loin, le pouvoir en place, par la voix de la Première ministre Elisabeth Borne, a fait savoir durant le week-end qu’il allait autoriser prochainement les distributeurs à vendre à perte, ce qui est pourtant interdit en France depuis 1963.

Concrètement, cela signifie que les propriétaires de stations-service vont pouvoir revendre leur carburant moins cher qu’ils ne l’achètent. Cette mesure pourrait durer ”six mois et cela permettra de trouver, en fonction de ce que les distributeurs peuvent faire, des carburants moins chers partout en France. C’est ça notre objectif”, a confirmé ce lundi matin Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, devant les caméras de France 2. Dans les faits, il reste néanmoins assez difficile d’imaginer que des distributeurs puissent procéder à des baisses de prix sensibles à la pompe, eux pour qui les marges sont déjà minimes sur les carburants, contrairement à celles de l’Etat.

Tant que le prix du baril augmente, difficile d’imaginer des baisses significatives à la pompe

Cela pourrait néanmoins favoriser les gros distributeurs et les supermarchés, les plus à même de vendre à perte puisque les carburants restent pour eux davantage un produit d’appel. Ils pourraient ponctuellement casser leurs prix sur l’essence pour attirer plus de clients dans leurs magasins de courses. Ce qui explique d’ailleurs l’incompréhension des petites stations-service dont la vente de carburant est la seule source de revenus, contrairement à la grande distribution (Carrefour, Leclerc, Casino…).

Dimanche, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, avait semble-t-il déjà voulu tempérer les ardeurs de ceux qui fantasment sur une l’idée d’une future forte baisse des prix à la pompe. ”On ne dit pas que l’essence va tomber à 1,40 euro dans toutes les stations pendant six mois, avait prévenu l’ancien ministre de la Santé. On dit qu’il peut y avoir des opérations commerciales.” Problème pour le gouvernement, et par ricochets pour les automobilistes, le cours du baril de Brent ne cesse de grimper ces dernières semaines, conséquence de la baisse de production souhaitée par les principaux pays pétroliers, l’Arabie Saoudite en tête. Or, tant que le coût de l’or noir augmente, il apparaît difficile voire impossible pour les distributeurs d’afficher de façon pérenne des tarifs en baisse, ne serait-ce que de quelques centimes par rapport aux prix actuels, même en revendant moins cher.

Alors, si la future loi sur la revente à perte venait à être votée dans les prochaines semaines, probablement que les grandes enseignes pourront poursuivre leurs opérations de promotion à l’occasion du premier semestre de l’année 2024. Mais à la place des opérations ” carburant à prix coûtant “, peut-être pourront-elles ponctuellement casser leurs prix, le temps d’un week-end par exemple, pour attirer le chaland. En attendant, espérons-le pour les consommateurs, le retour prochain des prix à la normale.

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