L’Azerbaïdjan, pays hôte de la COP29, prévoit d’augmenter sa production d’énergies fossiles

Alors que la récente conférence climatique des Nations unies (COP28) s’est terminée avec un engagement des États à amorcer une « transition » hors des énergies fossiles, le pays qui accueillera la COP29 cette année, l’Azerbaïdjan, prévoit d’augmenter sa production gazière au cours des prochaines années.

Selon des informations révélées lundi par le quotidien britannique The Guardian, l’Azerbaïdjan prévoit extraire chaque année plus de 49 milliards de mètres cubes de gaz naturel en 2033, contre 37 milliards de mètres cubes à l’heure actuelle. Une telle hausse équivaut à une augmentation de plus de 30 % de la production annuelle du pays, qui détient un des gisements gaziers les plus importants de la planète, situé sous la mer Caspienne.

Sur une période de 10 ans, selon les données obtenues par The Guardian, la production totale atteindra 411 milliards de mètres cubes, ce qui devrait produire 781 millions de tonnes de gaz à effet de serre.

Cette hausse de la production gazière ne tient toutefois pas compte d’autres gisements qui pourraient s’ajouter aux gisements en exploitation au cours des prochaines années, alors que la science climatique indique clairement que la planète doit réduire sa production et sa consommation d’énergies fossiles pour espérer limiter les dérèglements du climat.

Au terme d’un marathon de négociations, la COP28 qui se tenait en décembre aux Émirats arabes unis a d’ailleurs accouché d’une déclaration dans laquelle les pays du monde entier se sont entendus sur « la nécessité d’une réduction forte, rapide et soutenue des émissions de gaz à effet de serre » qui viendrait maintenir en vie l’objectif le plus ambitieux de l’Accord de Paris, soit limiter le réchauffement à un maximum de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle.

Le texte laisse aux États le soin de décider de la marche à suivre selon leur contexte national, mais il précise le besoin de « transitionner hors des énergies fossiles ». C’est la première fois qu’un texte adopté à une COP mentionne explicitement le besoin de réduire notre dépendance à ces énergies polluantes.

Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a d’ailleurs réagi en insistant sur le fait que cette entente doit envoyer un message clair aux pays et aux entreprises qui tirent toujours d’énormes bénéfices de l’exploitation des énergies qui alimentent la crise climatique. « Je tiens à dire que la sortie des combustibles fossiles est inévitable, qu’ils le veuillent ou non. Espérons qu’elle n’arrive pas trop tard », a-t-il souligné.

Selon un rapport publié tout juste avant la COP28 par l’Agence internationale de l’énergie, en plus d’éliminer le toujours très utilisé charbon (neuf milliards de tonnes consommées en 2022), il faudrait réduire d’au moins 75 % le recours au pétrole et au gaz d’ici 25 ans pour espérer limiter le réchauffement au seuil viable de 1,5 °C.

« Sentiment de déjà-vu »

L’Azerbaïdjan est un pays très dépendant des énergies fossiles, qui représentent un peu moins de 50 % de son produit intérieur brut, un peu plus de 50 % de ses recettes budgétaires et un peu plus de 90 % de ses recettes d’exportation. Bakou, où se tiendra la COP29 en novembre prochain, fut l’une des capitales mondiales du pétrole au début du XXe siècle. Le pays a aussi développé à partir des années 1990 de gros gisements pétroliers et gaziers en mer Caspienne.

Le ministre de l’Écologie et des Ressources naturelles, Mukhtar Babayev, qui a été nommé comme président de la COP29, est d’ailleurs un ancien dirigeant du secteur des énergies fossiles. Il a travaillé de 1994 à 2003 au service des relations économiques extérieures de SOCAR (State Oil Company of Azerbaijan Republic), avant de changer pour le service du marketing et des opérations économiques, et de devenir vice-président chargé de l’écologie (2007-2010).

L’an dernier, les Émirats arabes unis avaient nommé Sultan Al Jaber, dirigeant de la principale entreprise pétrolière du pays, pour présider la COP28. Citée par l’Agence France-Presse, Alice Harrison, de Global Witness, a donc exprimé un « sentiment de déjà-vu », avec un « ancien responsable pétrolier issu d’un pétro-État autoritaire ».

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