Le Centre de services scolaire de Montréal doit rembourser, selon Rizqy

Le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) devrait rembourser les heures de formation que lui finance le ministère de l’Éducation et qu’il a transformées en « heures à la maison », a réclamé vendredi la députée libérale Marwah Rizqy.

« C’est l’administration qui ramasse le cash. Et ça, c’est un problème », a aussi déclaré le président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Réjean Leclerc.

Le Devoir a révélé vendredi que les programmes accélérés pour être préposé aux bénéficiaires ou infirmière auxiliaire donnés par le CSSDM incluent des heures « à la maison » dans une proportion allant jusqu’à 17 % du temps de formation. Ces heures, qui sont financées par le ministère de l’Éducation, ne sont pas allouées à des enseignants. Elles sont consacrées à des « travaux », et les élèves ont « la responsabilité » de les faire « sérieusement », selon le CSSDM.

« Aller à l’école veut dire aller à l’école véritablement. Payer avec nos impôts du “temps à la maison”, c’est ridicule et pas instructif », a écrit Mme Rizqy sur le réseau social X après avoir pris connaissance du texte du Devoir.

« Ce n’est pas juste l’étudiant qui est floué. C’est le gouvernement, mais aussi le patient. Ce sont des préposés aux bénéficiaires et des infirmières auxiliaires. Déjà qu’on réduit le temps de formation, le peu d’heures qui y est consacré est crucial. Il faut prendre ça vraiment au sérieux », a-t-elle soutenu. « C’est n’importe quoi, je n’en reviens pas. Il faut que le ministre se mette le nez là-dedans, et solidement », a-t-elle plaidé.

À son avis, le CSSDM devrait rembourser les montants qu’il a reçus et qui ont été alloués à des heures « à la maison ». « Le ministère devrait [aussi] faire le suivi pour s’assurer que ces étudiants reçoivent les formations manquantes le cas échéant », a demandé Mme Rizqy.

Où est l’argent ?

À la FSSS-CSN, le président Leclerc a posé des questions du même ordre. « Si l’argent n’est pas remis à l’étudiant, il est quelque part dans le système. Et il n’est pas dans les poches du prof : il n’y en a pas, de prof. Donc il faut qu’il soit dans les poches de l’administrateur, de l’établissement, de la direction ou n’importe qui. Que font-ils avec ? » a-t-il demandé. « On perd cet argent-là, c’est sûr. On ne le voit pas. »

La qualité des formations offertes inquiète aussi M. Leclerc. « Ces heures à la maison, il y a un potentiel élevé que ce soit des heures perdues, parce qu’il n’y a pas d’encadrement », a-t-il souligné.

Dans une réponse fournie précédemment au Devoir, le CSSDM a écrit que l’élève avait la responsabilité de « faire sérieusement » les travaux qui lui sont demandés pendant ces heures « à la maison ». La disponibilité des enseignants « n’est pas requise » en « temps réel », mais l’élève a toujours le loisir de correspondre avec celui-ci, a aussi rappelé le Centre de services scolaire. « Lors du retour en classe, l’enseignant valide la compréhension des élèves en lien avec la matière contenue dans les travaux dirigés », a écrit le CSSDM.

Dans le contexte de pénurie de main-d’oeuvre, cette solution peut paraître « belle », mais elle comporte des risques, selon M. Leclerc. La formation est en une « de premier niveau », a-t-il rappelé. « Ce n’est pas comme si c’était un omnipraticien qui se spécialisait », a-t-il illustré. « Là, on part de zéro, on les forme à moitié et il y a des morceaux qui sont faits à la maison. » M. Leclerc, lui-même un paramédic, a dit craindre que des élèves vivent un « choc » une fois arrivés sur le terrain.

Niveler par le bas

 

À Québec solidaire, la députée Ruba Ghazal a dit partager les craintes de certains enseignants de l’École des métiers des Faubourgs-de-Montréal, qui disent sentir que leur école se transforme en « une manufacture de préposés » — un endroit où, de surcroît, il semble « impossible de sanctionner un élève par un échec ».

« La pénurie de main-d’oeuvre ne devrait pas être un prétexte pour niveler par le bas les programmes de formation professionnelle. Il est important que les formations soient complètes afin d’outiller adéquatement les travailleurs et les travailleuses », a souligné Mme Ghazal. « Je comprends l’inquiétude des profs, il est important de les écouter, ce sont eux et elles les experts. »

Le député Joël Arseneau, du Parti québécois, a lui aussi dit partager les inquiétudes des enseignants. « Comme [eux], je pense que toutes les heures prescrites au programme, déjà fortement condensé, doivent être allouées à de l’enseignement en tant que tel, de la formation en classe ou en milieu de travail », a-t-il déclaré. « Quelque chose ne tourne pas rond là-dedans. Il n’est pas normal que le ministère de l’Éducation ne soit pas au courant d’heures “à la maison” dans un programme d’étude qu’il finance. Qu’il nie leur existence, pourtant confirmée par le Centre de services scolaire de Montréal est d’ailleurs troublant », a-t-il poursuivi.

Dans une réponse transmise au Devoir mercredi, le ministère de l’Éducation a écrit que les heures à la maison « ne sont pas prévues aux programmes d’études » que sont les formations accélérées pour devenir préposé au bénéficiaire ou infirmière auxiliaire. Le CSSDM a, en revanche, confirmé que ces heures « à la maison » étaient financées par le ministère.

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