Kiffy, c’est fini. Le constructeur du vélo cargo électrique a dû fermer boutique, après une période de redressement judiciaire qui n’a abouti sur rien de concret. Le jeune fabricant français fait face à un marché plus difficile que prévu.
La société Easy Design Technology, conceptrice du vélo cargo électrique Kiffy, a été mise en liquidation judiciaire le 18 octobre par le Tribunal de commerce de Saint-Étienne. En dépit de son exposition à l’Élysée et d’une hausse du chiffre d’affaires, l’entreprise a été victime d’un marché du vélo en mutation et d’une chaîne d’approvisionnement rompue.
Espoirs déçus
La mise en liquidation de la société intervient dans un contexte difficile pour l’industrie du cycle en France. Selon Christophe Rosenstiel, dirigeant d’Easy Design Technology, cela s’inscrit dans un « retournement du marché du cycle, en particulier celui des vélos à assistance électrique », déplore-t-il dans L’Essor. La rupture d’approvisionnement en composants, en particulier les moteurs électriques fournis par le groupe allemand Bosch, a entraîné une période de pénurie de produits. Rosenstiel déclare amèrement : « Bosch nous a tués ! ».
Une fois les composants enfin livrés, l’entreprise a dû faire face à un surstockage conséquent, aggravé par un ralentissement des ventes. Cela a posé de sérieux problèmes de trésorerie, à tel point que plusieurs commandes ont été annulées ou reportées. La situation a été exacerbée par la guerre en Ukraine et la pandémie de Covid-19, qui ont mis à mal la chaîne d’approvisionnement globale.
L’histoire de Kiffy est marquée par des contradictions. L’entreprise a été mise en valeur par l’Élysée lors de la 3e édition de la Grande Exposition du « Fabriqué en France » en mai dernier, alors même qu’elle était en redressement judiciaire. De plus, malgré une augmentation de son chiffre d’affaires passant de 1,2 million d’euros en 2021 à 1,6 million en 2022, elle a été incapable de surmonter ses obstacles financiers.
Le contexte macroéconomique a également joué un rôle dans la chute de Kiffy. L’inflation, en particulier, a mis une pression supplémentaire sur le portefeuille des consommateurs. Le modèle « Kiffy Capsule », vendu à près de 6.000 euros, a subi l’impact des conditions économiques défavorables. De plus, la météo médiocre de ce début d’année n’a pas aidé le fabricant de ce produit saisonnier.
L’entreprise s’est déclarée en redressement judiciaire le 30 mai dernier. À l’époque, elle s’accrochait à l’espoir d’un acquéreur pour « poursuivre l’aventure avec nos équipes en place », rappelait Rosenstiel. Ce dernier misait sur le redémarrage effectif en janvier 2023 et la livraison possible de 200 vélos pour retrouver un souffle. La TPE, qui a vendu 300 vélos en 2023, était loin de ses prévisions optimistes affichées en avril 2022, à savoir entre 1.000 et 1.500 ventes cette année, et jusqu’à 2.000 unités d’ici 2024.