David Fincher n’est pas tendre avec les salles de cinéma, alors que son nouveau film The Killer vient de sortir sur Netflix.
Le combat entre les salles de cinéma et les plateformes de streaming ne cesse d’alimenter le débat à Hollywood (et pas que). D’un côté, la grève des scénaristes terminée depuis quelque temps en avait fait l’un de ses combats principaux. De l’autre, les acteurs ont également demandé à recevoir de meilleurs bonus par rapport aux contenus sortis sur les plateformes, ce qu’ils ont obtenu via un bel accord avec les studios.
Mais bien avant ces combats légitimes menés par les scénaristes et les acteurs, David Fincher, cinéaste un peu reconnu quand même, a signé un contrat d’exclusivité de quatre ans avec Netflix, qui s’achèvera en 2024. Après Mank, qui avait beaucoup divisé, il est de retour avec The Killer, film ultra connecté qui nous offre une critique acerbe et glaciale de la société moderne.
Et selon David Fincher, Netflix est un immense atout pour les cinéastes et pour les téléspectateurs, car la plateforme offre une expérience différente (et supérieure ?) à celle des salles de cinéma.
netflix, tueur de salles ?
Dans un long et passionnant entretien accordé au Monde à l’occasion de la sortie de The Killer, le cinéaste derrière Zodiac, Fight Club et The Social Network a donné son avis sur les salles de cinéma, les studios et les plateformes. Et il a un avis assez tranché sur la question :
“J’ai travaillé pour la plupart des grands studios de cinéma. Quand vous leur dites : “Je dois faire ces effets spéciaux en 4K”, leur première réponse est : “Oh, bon sang, pourquoi faire si cher ?” Ils renâclent à la moindre dépense. Netflix n’a jamais ergoté sur ce type de choix. Ils ont adopté une norme industrielle ayant du sens pour les cinéastes. Netflix a de loin le meilleur “contrôle qualité” de toute la place hollywoodienne.
Vous savez, on ne sauvera pas le cinéma comme culture en bridant les systèmes de diffusion à domicile. Il faudrait pour cela que la salle de cinéma devienne un lieu de pointe, et pas cet endroit humide, malodorant, graisseux qu’elle est encore à de trop rares exceptions, lésinant sur toutes les dépenses nécessaires. […] Il faut passer outre toute cette nostalgie pour se poser enfin la bonne question : qui offre aujourd’hui la représentation optimale ?”
Tirer à balles réelles, définition
Un avis particulièrement incisif et pas tendre avec les salles de cinéma, qui nous offrent pourtant de splendides expériences sur grand écran. Et le mixage sonore de The Killer méritait peut-être de meilleures conditions que le son de notre télévision, mais bon.
L’avenir nous dira si David Fincher, assurément l’un des réalisateurs les plus en accord avec son temps, avait raison ou non.
