Alain Delon a été interrogé dans le cadre du meurtre de son garde du corps en 1968. Cette affaire a pris une tournure politique lorsque le nom des Pompidou a commencé à y être associé.
L’année 1968 a été particulièrement mouvementée pour Alain Delon. L’acteur, qui vient de fêter ses 88 ans, a été soupçonné du meurtre de son ancien homme à tout faire.
L’affaire débute le 1er octobre 1968. Un corps, identifié grâce aux empreintes digitales comme celui de Stevan Markovic est retrouvé dans une décharge à Elancourt, dans les Yvelines (Île-de-France). Ce Yougoslave âgé de 31 ans a déjà un casier judiciaire et serait décédé depuis plusieurs jours déjà, entre le 22 et le 23 septembre 1968. Il était l’ancien “homme à tout faire” d’Alain Delon et se serait fait licencier quelques semaines auparavant.
Une première autopsie confirme que Stevan Markovic a été assassiné : il serait mort suite à des coups portés à la nuque et à la tête. La seconde autopsie, réalisée quelques semaines plus tard, révèle que la victime a été tuée d’une balle tirée dans la nuque.
Une lettre mystérieuse
Au départ, la piste privilégiée est celle d’une bagarre qui a mal tourné. Mais le 5 octobre, le frère de la victime apporte au commissariat des lettres écrites par Stevan Markovic qui mettent en cause Alain Delon. L’une d’elle, en serbe, contient ce message : “Quoi qu’il advienne, et pour tous les ennuis qui pourraient m’être causés, adressez-vous à Alain Delon, à sa femme et à son associé, un Corse, vrai gangster”. L’associé en question sera identifié comme étant François Marcantoni, un ancien malfaiteur, ex-résistant devenu une figure trouble .
Lors d’un interrogatoire avec la police, Alain Delon admet qu’il s’est quitté en mauvais terme avec la victime, qui ne travaillait plus pour lui. Il décrit Stevan Markovic comme ayant “une personnalité envahissante”, expliquant que son comportement était “devenu inacceptable”. L’acteur ne voulait “plus avoir de rapport avec lui”. On apprend quelques jours plus tard que son épouse, Nathalie Delon, aurait eu une brève liaison avec la victime alors que le couple était en instance de divorce.
De son côté, l’associé d’Alain Delon, François Marcantoni, affirme aux enquêteurs n’avoir jamais parlé à la victime, avant d’admettre dans le journal L’Aurore qu’il le connaissait et qu’il a aidé à lui obtenir la prolongation de son permis de séjour en France. Aucune charge n’est cependant retenu contre eux.
Delon arrêté
L’affaire prend rapidement de folles proportions, ce sordide fait divers se ramifiant au milieu du cinéma à celui de la politique. La rumeur court que Stevan Markovic faisait chanter des célébrités avec des photos compromettantes, prises lors de “parties fines” et de soirées échangistes.
La photo de “la femme d’un homme politique” est alors évoquée. La concernée serait l’épouse de Georges Pompidou, qui vient alors de céder son poste de Premier ministre. Des années plus tard, il sera cependant révélé que l’image en question était en réalité un grossier photomontage.
La piste d’un règlement de compte lié à un trafic de drogue est également une piste évoquée dans cette affaire. Mais celle-ci ne sera jamais davantage étayée.
Finalement, François Marcantoni est arrêté le 16 janvier 1969 pour complicité d’assassinat. Alain Delon est entendu en garde à vue pendant 35 heures avant de sortir, sans être inculpé. Marcantoni bénéficiera cependant d’un non-lieu faute de preuve et sera relâché en 1976. Le couple Delon sera également écarté de l’affaire. Celle-ci n’a jamais été résolue.