Le Québec doit « faire mieux » et augmenter la proportion des garçons qui mettent la main sur un diplôme d’études secondaires, soutient Eric Girard, qui y voit un frein à la croissance économique et au rattrapage avec l’Ontario.
Au Québec, seulement 41,6 % des diplômés du secondaire en 2019 étaient de jeunes hommes. La moyenne canadienne est de 43,5 % ; en Ontario, de 45,3 %.
Le problème n’est pas nouveau, concède le ministre des Finances, mais il n’en est pas moins capital.
« C’est un enjeu de société et on doit faire mieux », a-t-il déclaré à l’occasion de la mise à jour économique, mardi.
Le ministère des Finances met l’accent sur cette question dans un document présentant des pistes pour développer l’économie du Québec. La valorisation de l’éducation se trouve en tête de liste devant l’augmentation du nombre de travailleurs et la nécessité de rendre l’environnement d’affaires plus concurrentiel.
Un défi économique
La sous-scolarisation des garçons prive l’économie du Québec de précieux travailleurs qualifiés qui pourraient autrement combler des besoins de main-d’oeuvre, fait valoir son ministère dans un document présenté à cette occasion.
Ce document révèle aussi que la proportion de jeunes Québécois (filles et garçons) terminant leur secondaire dans le délai prévu est plus basse au Québec que partout dans le reste du Canada, soit 75 % contre 81 % en moyenne et 83 % en Ontario (en 2018-2019). Quand on regarde dans le détail, on constate qu’au Québec, 81 % des filles avaient alors été diplômées ; chez les garçons, c’était plutôt 69 %.
Le ministère des Finances estime que le Québec pourrait pourvoir 27 000 emplois pour travailleurs qualifiés s’il rattrapait son retard avec l’Ontario quant au taux de diplomation. Cela pourrait avoir « un effet positif de 0,8 milliard de dollars sur le revenu disponible des ménages et de 2,4 milliards sur le PIB réel », précise-t-il.
Le gouvernement Legault souhaite, d’ici à 2026, réduire à moins de 10 % son retard par rapport au PIB réel par habitant ontarien. L’écart s’est rétréci ces dernières années, mais il demeure notable. Il s’élève actuellement à 13,5 %.
Un écart aussi à l’université
L’ancien recteur de l’Université de Montréal Robert Lacroix et des collègues viennent justement de publier un ouvrage sur la persévérance scolaire des garçons. Le ministère des Finances le cite dans sa documentation.
L’équipe de M. Lacroix montre que l’écart se maintient jusqu’à l’université. Elle conclut que les origines de l’écart remontent à la périnatalité, soit la période autour de la naissance. Ils recommandent qu’on intervienne « dès la grossesse et tout au long de la petite enfance » pour empêcher que des inégalités se créent.
Les chercheurs croient en outre qu’il faut identifier les enfants à risque et leur donner plus de soutien, comme le préconise déjà l’État par le programme Agir tôt lancé en 2019.
Au secondaire, ils réclament qu’on renforce les programmes de lutte contre le décrochage, notamment en matière de mentorat.