Le « mod » de jeux vidéo, nouveau terrain investi en ligne par les activistes anti-LGBT+

3 min read

Des nazis qui deviennent des Schtroumpfs. En 1983, trois malicieux bidouilleurs changent des éléments du code informatique du jeu vidéo Castle Wolfenstein (1981) pour transformer les ennemis, des soldats du IIIe Reich, en créatures bleues à la culotte blanche – des Smurfs, en anglais. Le potache Castle Smurfenstein, proposé sur l’ordinateur Apple II, est considéré comme un des premiers exemples de modification, ou « mod », une pratique qui consiste, pour des amateurs, à retoucher un jeu vidéo.

Il est aussi un des points de départ d’un phénomène actuellement très dynamique. Nexus Mods, le site le plus populaire pour publier ou télécharger ce type de programmes, revendique plus de 46 millions de membres et recense plus de 500 000 mods.

Aujourd’hui, la variété de ces créations est à la mesure de l’imagination débordante des fans. Cela va des ajustements cosmétiques semblables à Castle Smurfenstein à l’élaboration, à partir d’un jeu existant, d’un jeu radicalement nouveau, à l’image de l’ultra-populaire Counter-Strike (1999), à l’origine une modification de Half-Life (1998).

Retrait de « mods » anti-LGBT+ sur « Baldur’s Gate III »

Dans la foisonnante scène du modding, certaines créations sont, volontairement, plus polémiques que d’autres. Début décembre 2023, un lot de mods qui s’en prennent aux personnages LGBT+ de Baldur’s Gate III, le jeu le plus récompensé de l’année 2023 et l’un des dix plus populaires sur Nexus Mods, a été retiré du site par les administrateurs : « Nous sommes pour l’inclusion, nous sommes pour la diversité. Si nous pensons que quelqu’un a publié sur notre site un mod qui va à l’encontre de l’inclusivité ou de la diversité, nous agissons », ont-ils fait savoir.

Le pack, baptisé « No Alphabet » (en référence aux lettres du sigle LGBT+), regroupe divers programmes qui effacent les histoires d’amour homosexuelles du jeu, en changeant le genre des personnages concernés – leur aspect physique, leur voix ou les pronoms utilisés dans les dialogues sont notamment retravaillés. Par exemple, la femme trans Nocturne ou Dame Aylin, qui a une romance lesbienne, deviennent des personnages masculins une fois les programmes installés.

Dame Aylin, fille de la déesse Séluné, est un des personnages marquants de « Baldur’s Gate III ».

« No Alphabet », toujours disponible sur d’autres sites, ambitionne d’aligner le jeu « avec les standards médiévaux », un bien vaste projet, compte tenu du fait que Baldur’s Gate III est adapté du jeu de rôle fantastique Donjons & Dragons, dont le monde magique est peuplé de créatures extraordinaires et de technologies imaginaires. Ces mods sont même en dissonance avec la promesse de très grande liberté faite aux joueurs par les développeurs originaux : dans Baldur’s Gate III, il est possible de vivre une histoire d’amour avec tous les personnages secondaires rencontrés, peu importe leur genre ou même leur espèce.

Il vous reste 60% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

You May Also Like

More From Author