Le Parti libéral du Québec (PLQ) s’inquiète des nombreux Québécois qui, dans un contexte de forte inflation, n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Il demande donc au gouvernement caquiste la tenue de consultations particulières pour entendre les organismes sur le terrain qui aident les plus démunis.
« Le coût des aliments à l’épicerie a explosé dans les derniers mois. Je pense que la situation est grave », affirme le député du PLQ Gregory Kelley. Avec sa collègue de l’opposition officielle, Madwa-Nika Cadet, il a envoyé jeudi à la Commission de l’économie et du travail une requête de mandat d’initiative sur la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
Québec planche actuellement sur la mise à jour du plan d’action gouvernemental en la matière, souligne-t-il. Or, afin que cette stratégie soit une réussite, cela nécessite des solutions concertées, estime M. Kelley. « Je pense que c’est très important qu’on entende les groupes sur le terrain, parce que parfois, honnêtement, nous sommes loin quand nous sommes dans notre bulle [à l’Assemblée nationale]. »
Le porte-parole du PLQ en matière de solidarité sociale et d’action communautaire réclame donc la tenue de consultations itinérantes afin d’aller rencontrer différents organismes, comme l’Observatoire québécois des inégalités, le Collectif pour un Québec sans pauvreté et Centraide.
Le fait de recueillir des témoignages dans plusieurs villes et régions « permettrait de proposer au gouvernement les solutions les plus adaptées » et ainsi améliorer le sort des plus vulnérables, selon lui.
Gregory Kelley s’est dit attristé d’apprendre dans les pages du Devoir jeudi qu’il coûte beaucoup plus cher de se sortir de la pauvreté dans un petit village que dans les grands centres urbains du Québec. Cela est dû notamment à l’obligation d’avoir une voiture et au prix plus élevé de l’alimentation en région.
Le député de Jacques-Cartier, à Montréal, évoque aussi le fait que les banques alimentaires comme celles de sa circonscription peinent à servir tous ceux qui en ont besoin. « Il y a des personnes qui utilisent des banques alimentaires et qui ont parfois deux emplois et ne sont même pas capables de payer la facture d’épicerie chaque semaine. »
Travailler ensemble
M. Kelley estime que la gravité de la situation nécessite d’aller au-delà de la partisanerie pour s’attaquer au problème. « Tous les partis politiques peuvent travailler ensemble pour le bien-être des gens les plus vulnérables dans notre société. » Selon lui, la situation ne pourra pas être réglée par un seul ministère.
Si l’inflation dépasse les frontières du Québec, l’élu libéral est d’avis que ce n’est pas une raison « de ne pas agir » ici à ce sujet.
Contacté par Le Devoir, le cabinet de Chantal Rouleau, ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire, soutient qu’il « appartient à la Commission de l’économie et du travail de décider de lancer un mandat d’initiative ».
Le Collectif pour un Québec sans pauvreté rappelle pour sa part qu’il est favorable à une « commission parlementaire itinérante avec consultation générale en vue de l’élaboration du prochain plan [gouvernemental] de lutte contre la pauvreté ».
Selon la porte-parole de l’organisme, Virginie Larivière, la proposition Gregory Kelley est intéressante, car elle « permettrait à des parlementaires de toutes les formations politiques de s’impliquer dans le processus de consultation et de s’assurer que la ministre Rouleau tienne compte de ce qui lui a été dit et livre la marchandise ».
Preuves d’ouverture
Mme Larivière souligne toutefois l’ouverture dont a fait preuve Mme Rouleau jusqu’à présent dans l’élaboration du nouveau plan d’action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Au printemps dernier, des groupes ont entre autres pu déposer un mémoire durant la consultation publique sur cette question.
La ministre expose d’ailleurs qu’afin de préparer ce plan, elle mène une «grande tournée» depuis janvier. À terme, elle aura parcouru toutes les régions du Québec. «J’ai justement rencontré plusieurs centaines d’organismes communautaires qui oeuvrent auprès des plus démunis», signale-t-elle.
De son côté, l’Observatoire québécois des inégalités dit être prêt à contribuer à tout exercice permettant de s’attaquer « rapidement et durablement » aux problèmes de pauvreté. « Nos analyses indiquent un besoin de renforcer le filet social avec des mesures structurantes, notamment l’amélioration du soutien au revenu, afin d’enregistrer des progrès dans la lutte contre la pauvreté au Québec », affirme sa directrice générale, Nathalie Guay.