Le remaniement ne règle pas les enjeux économiques qui attendent le gouvernement Trudeau

Le premier ministre Justin Trudeau a procédé à un important remaniement ministériel, prélude à la prochaine campagne électorale fédérale. Cette stratégie d’impact ne devrait pas dispenser les libéraux d’une profonde réflexion sur leurs orientations alors qu’une fatigue s’installe quant à leur bilan en demi-teintes.

Profitant de l’accalmie estivale, le premier ministre avait convoqué plusieurs de ses ministres à Ottawa en début de semaine. Dans la foulée, quatre ministres avaient annoncé leur intention de ne pas briguer de nouveau mandat, que ce soit par choix purement volontaire ou par « tordage de bras » en coulisse (Omar Alghabra, Helena Jaczek et Carolyn Bennett).

Le remaniement, officialisé mercredi matin, entraîne une reconfiguration en profondeur du conseil des ministres. En tout et partout, 23 ministres changent de portefeuille et 7 nouveaux venus font leur entrée au caucus ministériel. Huit ministres conservent les mêmes responsabilités, parmi lesquels figurent Chrystia Freeland (Finances), Mélanie Joly (Affaires mondiales), Steven Guilbault (Environnement) et François-Philippe Champagne (Industrie).

Parmi les éléments marquants de ce remue-ménage, signalons la nomination de Pascale St-Onge au Patrimoine canadien, alors que l’incertitude pèse sur la viabilité de la loi sur les nouvelles en ligne. Meta et Google menacent de bloquer les contenus de nouvelles au Canada pour échapper à l’encadrement, un enjeu que Pablo Rodriguez (muté aux Transports) n’a pas réussi à régler dans l’escalade rapide des tensions dans les dernières semaines. Mme St-Onge, ex-présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture connaît les enjeux relatifs au secteur des médias. Elle devra vite trouver une solution satisfaisante pour toutes les parties, au risque de se retrouver avec une loi nulle et sans effet pour les médias.

Maintenant, ce renouvellement sera-t-il perçu comme tel par l’électorat  ? Justin Trudeau en est à sa huitième année comme premier ministre, et il est résolu à s’accrocher pour un autre quatre ans. 

Le nouveau chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Pierre Poilievre, bénéficie d’une légère avance dans les sondages depuis son entrée en scène. Il est beaucoup plus dérangeant pour Justin Trudeau que ne l’étaient ses prédécesseurs. Ses attaques sur la fragilité de l’économie et des finances publiques sous les libéraux font mouche, même si ses propos sur l’indépendance de la Banque du Canada sont complètement déjantés.

Sans refaire le bilan exhaustif du mandat libéral, signalons comme errements récurrents l’absence d’une prudence fiscale élémentaire, l’augmentation des dépenses et de la taille de la fonction publique, l’insouciance dans la prévention de l’ingérence de la Chine dans les affaires domestiques, l’empiétement permanent dans les champs de compétence provinciale, la désorganisation des services fédéraux, la gestion pitoyable des fonds publics, le double discours dans la lutte contre les changements climatiques, etc. Et toujours cette prétention de supériorité morale sur l’adversaire conservateur, qui se prête si facilement à la diabolisation en raison de son inexorable glissement vers le conservatisme social et le populisme revanchard.

Il y a aussi des bons coups dans le bilan libéral, mais ils tendent à s’effacer de la mémoire collective avec le passage du temps. Aucun politicien n’a encore trouvé le vaccin contre l’usure du pouvoir, et c’est bien là le principal défi que devront surmonter les libéraux dans le prochain cycle électoral.

La redistribution des portefeuilles ministériels n’efface pas le problème de fond quant à la désinvolture des libéraux en matière d’économie et de finances publiques. Les gardiens de la philosophie expansionniste, Mme Freeland en tête, reste en place.

Encore récemment, lors du congrès du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau a refusé de s’engager dans un plan de retour à l’équilibre budgétaire. Son gouvernement se satisfait d’afficher le plus bas déficit et le plus bas ratio de la dette par rapport au PIB, parmi les pays du G7, et de compter sur une cote de crédit AAA. Les frais de la dette, en pourcentage des revenus, sont à leur plus bas depuis 26 ans.

Il n’en demeure pas moins que le ratio de la dette fédérale par rapport au PIB est passé de 32 % en 2015-1016 à 46 % en 2021-2022. Que la conjoncture économique soit favorable ou non, le gouvernement Trudeau n’a produit que des déficits depuis sa première élection. Il creuse la dette du pays, qui était de 1134,5 milliards en 2021-2022. C’est un fardeau que devront assumer les générations futures.

Le gouvernement Trudeau garde néanmoins le cap sur l’interventionnisme tous azimuts, sans concession dans son approche, avec tous les risques que cela comporte pour son avenir immédiat et celui du pays. Le remaniement ne règle pas ces enjeux de plus en plus pressants.

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