Le syndicat des acteurs SAG-AFTRA signe un accord pour l’utilisation des voix par IA dans les jeux vidéo – Actu

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Puisqu’on ne peut pas lutter contre la progression de l’intelligence artificielle générative, autant essayer de dompter son utilisation et d’en tirer profit selon nos conditions. Voilà ce qui semble être le raisonnement du syndicat des acteurs au moment d’annoncer la signature d’un accord avec Replica Studios en direct du CES de Las Vegas. Selon le communiqué du syndicat, ce nouvel accord ouvre la voie aux professionnels du doublage « pour explorer en toute sécurité de nouvelles opportunités d’emploi pour leurs répliques vocales numériques avec des protections de pointe adaptées à la technologie de l’IA, permettant aux studios de jeux vidéo AAA et aux autres entreprises travaillant avec Replica d’accéder aux meilleurs talents de la SAG-AFTRA. »

Autrement dit, les comédiens adhérents au syndicat pourront tirer profit de l’utilisation de leur voix, reproduite numériquement par IA, dans des conditions annoncées comme équitables, ethiques et sûres pour les comédiens, lesquels auront finalement l’opportunité de gagner de l’argent en laissant leur double numérique s’égosiller à leur place. « Approuvé par les membres concernés de la communauté des interprètes de voix-off du syndicat, ce contrat marque une étape importante vers l’utilisation éthique des voix d’IA dans les projets créatifs des développeurs de jeux, et pose les bases d’un emploi juste et équitable des comédiens de doublage, alors qu’ils explorent les nouvelles opportunités de revenus offertes par l’IA », peut-on lire.

Tout est sous contrôle

En plus de fixer des conditions minimales pour la rémunération des acteurs, l’accord garantit le consentement de l’artiste sur la façon dont sa voix est utilisée et exige que l’artiste ait la possibilité de refuser l’utilisation de son double numérique dans de nouvelles œuvres. Sur le papier, l’accord devrait donc éviter les mauvaises surprises aux acteurs, comme une rémunération pas à la hauteur, une utilisation inappropriée de leur voix ou encore une exploitation non autorisée de celle-ci d’un jeu à l’autre.

« L’intelligence artificielle fait la une des journaux, et pour la plupart des artistes-interprètes, la meilleure protection contre la simulation numérique non autorisée de leur voix, de leur image et/ou de leur performance, est un contrat SAG-AFTRA. Nous sommes très heureux de nous associer à Replica Studios, car il s’agit d’un excellent exemple d’intelligence artificielle bien utilisée », a déclaré Fran Drescher, ancienne « nounou d’enfer » et actuelle présidente de la SAG-AFTRA. « Nos accords avec les artisans vocaux garantissent que les développeurs de jeux utilisant notre plateforme n’ont accès qu’à des talents sous licence qui ont donné leur autorisation pour que leur voix soit utilisée comme un ensemble de données d’entraînement, contrairement au Far West des plateformes d’IA qui utilisent des méthodes de récupération de données contraires à l’éthique pour répliquer et synthétiser des voix sans autorisation », ajoute Shreyas Nivas, PDG de Replica Studios.

Des voix (non artificielles) s’élèvent déjà

Comme on pouvait s’en douter, l’annonce de cet accord suscite déjà des réactions hostiles. Sur les réseaux sociaux, beaucoup ne comprennent pas que le puissant syndicat des acteurs accepte de s’acoquiner avec le milieu de l’intelligence artificielle, même dans des conditions favorables aux artistes. Certains estiment que le syndicat a retourné sa veste étant donné que l’intelligence artificielle faisait partie (avec les conditions salariales, notamment) des motifs de sa longue grève de 2023.

Une accusation qu’il faut relativiser : en réalité, le syndicat n’a jamais proclamé vouloir bloquer l’intelligence artificielle, mais exigeait un encadrement et des garde-fous pour protéger les acteurs contre les nombreuses dérives possibles de cette technologie naissante. L’accord obtenu avec les studios d’Hollywood en novembre dernier stipule par exemple qu’un acteur doit recevoir le même salaire pour l’utilisation de sa réplique numérique (sa voix mais aussi tout le reste de son apparence) que celui qu’il aurait gagné en effectuant lui-même une quantité de travail similaire, et toujours avec le consentement du comédien.

Mais des voix continuent de s’élever contre l’IA générative sous quelque forme que ce soit, comme cet internaute qui réagit ainsi sur le compte X de la SAG-AFTRA : « *Il y avait de la solidarité lorsque tout le monde s’est battu ensemble contre l’IA. Il est évident que personne ne veut de cela et que les gens ne seront pas formés à accepter moins, et ils ne le feront pas. L’art est une expression humaine, perfectionnée par des personnes extrêmement talentueuses de toutes les cultures et de toutes les couleurs. L’IA ne le sera jamais. »

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