Peiné de voir la Coalition avenir Québec (CAQ) reculer dans les sondages, le premier ministre François Legault a attribué ce creux dans l’opinion à un contexte économique difficile marqué par l’inflation.
M. Legault a commenté la situation de sa formation politique après la publication, mercredi, d’un sondage Léger selon lequel les caquistes sont en baisse.
« C’est sûr que ça me fait de la peine de voir la baisse d’appui des Québécois à mon égard. J’en prends toute la responsabilité », a-t-il déclaré dans une mêlée de presse avant la période des questions.
Le premier ministre a fait le lien entre cette mesure de l’opinion publique et la situation économique actuelle. « Je sais que les Québécois actuellement souffrent beaucoup de l’augmentation des prix, a-t-il dit. Et puis, je vais essayer de voir comment je peux mieux les aider. »
Un sondage Léger réalisé pour les médias de Québecor montre que les appuis du Parti québécois sont maintenant de 26 %, contre 22 % il y a un mois. Cette progression semble se faire au détriment de la CAQ, qui obtient un score de 30 %, en baisse de quatre points de pourcentage depuis le 25 septembre.
La popularité du chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, est également en hausse. Le sondage montre que 24 % des répondants considèrent qu’il ferait le meilleur premier ministre du Québec, un bond de 8 %.
M. Legault perd quant à lui six points de pourcentage et glisse en deuxième position, avec un résultat de 23 % dans cette catégorie.
Ces chiffres ont été obtenus du 27 au 30 octobre auprès de 1026 répondants à un sondage Web. Léger estime que sa marge d’erreur est de 3,06 %, 19 fois sur 20.
Ce recul survient à la suite de la victoire du Parti québécois (PQ) à l’élection partielle dans Jean-Talon, au début d’octobre, qui a confirmé la perception d’une remontée péquiste. La CAQ a réagi en ramenant à l’avant-scène son projet de troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis, pourtant mis de côté au printemps.
« Bon timonier »
Le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a affirmé également que le contexte économique a pu influencer l’opinion publique. Le ministre a toutefois rappelé que le gouvernement a baissé les impôts et envoyé des chèques pour aider la population à lutter contre l’inflation.
Il a aussi rappelé que le ministre des Finances, Eric Girard, a l’intention d’annoncer la semaine prochaine des mesures d’aide en matière de logement, de réduction de l’itinérance et de lutte contre les changements climatiques. « Des fois, on oublie le passé, mais M. Girard va faire une mise à jour la semaine prochaine », a-t-il dit sans donner plus de détails.
Le député caquiste Jean-François Simard a quant à lui expliqué qu’il est normal pour les partis politiques de fluctuer dans les sondages, tout en renouvelant sa confiance en M. Legault. « Gérer la pandémie, ça a été une chose très difficile qu’on a réussie avec brio. Je pense qu’on réalise aujourd’hui qu’il y a des gros défis d’après-pandémie, qui sont aussi difficiles que de gérer la pandémie elle-même. On a le bon timonier pour traverser ça. »
La copie et l’original
Le député péquiste Pascal Bérubé a profité mercredi de la publication du nouveau sondage pour souligner qu’en matière de nationalisme, les répondants préfèrent le PQ à la CAQ.
« Au lieu d’avoir la copie, ils ont l’original, a-t-il dit. En termes de nationalisme, ils ont les vrais, ceux qui connaissent ça pour vrai, ceux qui y pensent pour vrai, ceux qui pensent que d’être indépendantistes ou nationalistes, ce n’est pas un danger. »
M. Bérubé a affirmé que les récentes réactions de M. Legault au budget d’un Québec souverain, dont la plus récente version a été présentée par le PQ la semaine dernière, risquaient d’accentuer cette tendance. « Je ne sais pas s’il veut garder les anciens libéraux, mais il prend le positionnement pour [ça] avec les réponses qu’il offre, a-t-il affirmé. Parce qu’il y a même des indépendantistes dans sa formation qui le regardent en disant : “OK, c’est ce que vous pensez des indépendantistes.” »
M. Legault avait fait une mise en garde contre les pertes d’emplois qui surviendraient après une déclaration de souveraineté du Québec.
Québec solidaire (QS) a également subi un recul dans les intentions de vote mesurées par le sondage publié mercredi. La formation politique récolte 15 %, une baisse de 2 % en un mois. « Les sondages passent, il y en a des le fun, des moins le fun. Moi, ça n’affecte pas mon entrain au travail », a déclaré le député de QS Alexandre Leduc.
Le député libéral André Fortin s’est abstenu de dire si son parti, qui est passé de 14 % à 15 % d’appuis en un mois, stagne dans les sondages. Il a fait allusion à la course au leadership, qui permettra au parti de se doter d’un nouveau chef en 2025. « On a un chef par intérim, a-t-il dit. On a, disons, un parti qui est en évolution encore. »