« De cette crise provoquée par la pandémie émergeront peut-être plusieurs prises de conscience : le besoin de soins, la nécessité d’une rémunération et d’un soutien justes et équitables pour le travail de soins et, enfin, la reconnaissance pour les soins que nous donnons et ceux que nous recevons. »
À lire ces propos de Joan Tronto, philosophe de la théorie du « care » (prendre soin), on croirait qu’elle vient de recevoir le mandat de médiation du gouvernement Legault pour l’actuelle négociation avec le secteur public. Ce que le gouvernement et madame LeBel n’ont pas compris, c’est que cette négociation exceptionnelle s’inscrit pour le Québec dans une transition de civilisation qui devrait faire passer l’ensemble des soins requis, aussi bien en éducation qu’en santé, du statut de fonctions sociales vulgaires et subalternes à celui de fonctions sociales prestigieuses et recherchées. Or, ils semblent n’en avoir aucunement conscience. Au contraire, au moment où ils essaient de reconstruire le monde de la santé et celui de l’éducation, ils scient la branche sur laquelle ils sont assis en ne traitant pas comme il convient celles et ceux qui pourraient les y aider.
Si, comme tout le monde le reconnaît, les besoins en soins de tout genre sont en croissance exponentielle pour mille et une raisons, notamment la démocratisation de l’enseignement, le développement technologique, le réchauffement climatique et ses cataclysmes, les pandémies, alors nous n’avons pas le choix. Le gouvernement doit convenir d’une reconsidération sociale radicale de celle et ceux qui assurent la prestation de ces soins. Les demi-mesures ne résisteront pas à l’assaut de ces besoins. Tous ces métiers, toutes ces professions doivent être promus socialement au rang de l’importance des besoins qu’ils servent. Si ces besoins sont importants socialement, il faudra que leurs serviteurs le soient tout autant. Fini le temps où la maîtresse d’école devait payer elle-même le bois de chauffage de son école de rang et la garde-malade son épicerie avec la monnaie de singe de leur « vocation ».
Beaucoup de pays l’ont déjà compris. En Finlande, les enseignantes ont une considération sociale équivalente à celle des professions libérales. Il y a un coup de barre à donner ici, au Québec. Cela pourrait bien entraîner la reconsidération du parti politique qui le donnera.
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