Les catégories genrées de retour aux Gémeaux

Après avoir été vivement critiquée l’automne dernier par plusieurs producteurs, l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision apporte plusieurs modifications à l’organisation du gala des prix Gémeaux. L’organisation, qui avait unilatéralement fusionné les prix d’interprétation masculine et féminine l’an dernier, reviendra notamment aux catégories genrées. Les tarifs d’inscription seront également revus à la baisse.

Ces changements seront-ils suffisants pour convaincre les producteurs qui menaçaient de quitter le navire de revenir à bord ? Dans les jours qui avaient suivi le gala de septembre dernier, plusieurs bonzes de la télé québécoise avaient ouvertement remis en cause la manière dont étaient déterminés les gagnants, soulignant plusieurs incohérences.

Les productrices Sophie Lorain (MéganticDésobéir. Le choix de Chantale Daigle, etc.) et Fabienne Larouche (StatDoute raisonnable, Sans rendez-vous) avaient déclaré qu’elles cesseraient de soumettre leurs émissions dans les différentes catégories où elles pouvaient concourir. Louis Morissette (Plan BZénithVirage, etc.) et Guillaume Lespérance (Tout le monde en parle) disaient aussi jongler avec cette idée. 

Face à la critique, l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision a ainsi annoncé jeudi le retour des catégories genrées pour les prix d’interprétation. Lors du dernier gala des prix Gémeaux, acteurs et actrices avaient été mis en lice dans les mêmes catégories pour la toute première fois. Cette décision avait été prise dans un souci de réduire le nombre de prix, mais elle avait fait sourciller plusieurs membres de l’industrie. D’autant que le diffuseur du gala, Radio-Canada, n’avait pas été consulté.  

En indiquant qu’il faisait demi-tour jeudi, l’organisme derrière la cérémonie des prix Gémeaux a reconnu avoir erré. « Oui, c’est vrai qu’on a peut-être manqué de temps pour consulter. […] On aurait peut-être dû mieux communiquer pourquoi on faisait ces changements-là. Beaucoup ont interprété ça comme des changements pour accommoder une petite minorité, alors que ce n’était pas le cas », a déclaré Caroline Gaudette, présidente de la section québécoise de l’Académie, en rencontrant les journalistes. 

Baisse des frais d’inscription 

Avec le retour de la distinction entre hommes et femmes dans les catégories d’acteurs, le nombre de prix remis augmentera. Il est possible actuellement de s’inscrire dans 109 catégories. Les producteurs qui désirent inscrire leur émission dans l’une d’elles doivent payer des frais substantiels, un reproche qui est d’ailleurs souvent fait à l’endroit du gala.

Pour répondre aux producteurs mécontents, l’Académie a aussi annoncé jeudi l’application d’un rabais de 15 % sur les inscriptions durant la moitié de la période de mise en candidature. 

« Ça veut dire que, nous, on va devoir travailler plus fort pour trouver de nouveaux partenaires financiers [pour la production du gala]. Car il faut pallier ce manque à gagner. Mais c’est un effort qu’on accepte de faire par solidarité envers les producteurs [dans un moment qui est difficile pour l’industrie de la télévision] », a indiqué la directrice générale de la section québécoise de l’Académie, Chantal Côté. Cette dernière assure d’ailleurs que le prochain gala ne sera pas pour autant dépouillé de moyens.

L’Académie canadienne du cinéma et de la télévision compte quelque 4000 membres dans tout le pays, dont plus de 1000 au Québec. Ce sont eux qui votent pour désigner les gagnants à la suite d’un processus que l’organisation assure transparent, en dépit des doutes fréquemment soulevés par des gens dans l’industrie. 

La question des cotes d’écoute 

Dans certaines catégories, on sait par contre que le résultat du vote était pondéré de 20 % selon les cotes d’écoute des différentes émissions nommées. Ce qui avait pour effet de désavantager les émissions diffusées seulement sur des plateformes numériques.

Cette pondération sera revue l’an prochain, a-t-on fait savoir. Elle sera abaissée à 10 % pour les Gémeaux de la meilleure série dramatique quotidienne et de la meilleure série dramatique annuelle. Dans les autres catégories, les cotes d’écoute ne seront dorénavant plus du tout prises en compte. Il s’agit maintenant de voir si ces changements feront rentrer au bercail les producteurs récalcitrants.

L’Académie, elle, demeure convaincue qu’une cérémonie télévisée est toujours la bonne formule pour célébrer la télé, même si les galas partout dans le monde ont plutôt vu leurs auditoires péricliter ces dernières années.  « On n’a pas perdu de parts de marché l’an dernier. Les Gémeaux restent un excellent outil de découvrabilité des contenus qui se font ici. C’est un gala qui a toujours sa pertinence », a soutenu jeudi Chantal Côté. 

À voir en vidéo

You May Also Like

More From Author