La victoire du Parti québécois (PQ) dans Jean-Talon est « un signal » que la formation souverainiste fait un retour en force sur la scène politique, estime l’ancienne première ministre du Québec Pauline Marois.
« Les gens refont confiance au Parti québécois », soutient-elle en entrevue au Devoir, trois semaines après que le député Pascal Paradis eut arraché la circonscription des mains de la Coalition avenir Québec (CAQ). « J’ose imaginer qu’on va aller chercher l’appui d’un grand nombre de Québécoises et Québécois dans les prochaines années. »
Pauline Marois participera en fin de semaine au Conseil national du PQ, à Saint-Hyacinthe, un rassemblement dont le thème principal sera l’éducation. L’ex-ministre des gouvernements Lévesque, Parizeau, Bouchard et Landry — qui a passé près de trois ans à la barre de l’Éducation — compte y aborder le système à trois vitesses dans les écoles, les centres de la petite enfance, les maternelles quatre ans…
Mais au bout du fil, c’est l’ancienne cheffe péquiste qui parle, revigorée : « Les résultats de la dernière élection partielle sont très encourageants, s’enthousiasme-t-elle. On a un chef qui est éloquent, qui a une vision assez claire de l’avenir du Québec, qui est capable d’en débattre. On a une petite équipe qui fait des miracles à l’Assemblée nationale. »
Du rouge au bleu poudre au bleu
Pascal Paradis est devenu au début du mois le premier candidat péquiste à percer dans Jean-Talon depuis la naissance de la circonscription. Quand elle était au gouvernement, Mme Marois était plutôt habituée à voir ce siège occupé par un libéral. « J’étais très fière de cette victoire. C’est un signe d’espoir », lance-t-elle.
À la fin d’une semaine qui a vu le PQ déposer son plus récent budget de l’an un, l’ex-première ministre salue le travail effectué par le chef Paul St-Pierre Plamondon pour remettre en avant le projet souverainiste. Le document déposé lundi sera un « outil » pour vaincre « la peur économique », signale-t-elle.
« Ce que fait le budget de l’an un, c’est d’illustrer que c’est faisable, avec des avantages pour le Québec », affirme Mme Marois.
« On se souvient comment il y a eu de la peur, poursuit-elle. On a utilisé la question des retraites comme un outil de peur. “Vous allez perdre vos retraites, vous allez perdre la sécurité de la vieillesse, etc.” Alors là, la démonstration se fait que ce n’est pas le cas. »
Un référendum dans un premier mandat
Interrogé sur ses plans pour l’indépendance, lundi, Paul St-Pierre Plamondon a réitéré qu’il lancerait une campagne référendaire dès un premier mandat, peu importent les résultats des sondages. En 2014, Mme Marois avait refusé de le promettre. « Ce n’est pas la priorité des Québécois en ce moment », avait-elle dit.
Le nouveau chef du PQ fait-il bien de s’engager sur la voie référendaire ? demande Le Devoir. « Lui, à ce moment-ci, sa position est claire. C’est là qu’il veut aller, constate Mme Marois. Moi, je vais continuer à l’appuyer, mais je ne veux pas m’impliquer dans la stratégie. »
« Peut-être que je le ferai un peu plus tard, mais pour l’instant, ça va », ajoute-t-elle.
Dans son dernier sondage, la firme Léger plaçait le PQ au deuxième rang (22 %), derrière la CAQ (34 %), dans les intentions de vote. M. St-Pierre Plamondon se classait au deuxième rang parmi les meilleurs candidats au poste de premier ministre.
Mme Marois l’encourage à ne pas changer. « Il tient bien la barque », dit-elle.