Élisabeth Borne a donné rendez-vous aux chefs de partis ce lundi 18 septembre pour évoquer la planification écologique. La Première ministre doit leur présenter la feuille de route du gouvernement sur ce sujet. Certaines mesures posent déjà question.
La rencontre ce lundi 18 septembre entre Elisabeth Borne et les chefs de partis politiques ne devrait pas déboucher sur des annonces de nouvelles mesures. Mais, depuis la création du Secrétariat Général à la Planification écologique (SGPE), les objectifs et les choix concrets du gouvernement sont en partie disponibles car ce conseil d’experts rattachés à la Première ministre met à disposition son travail publiquement.
Cette ouverture à l’open data permet de ne pas attendre les interminables successions de l’exécutif sur ce sujet. La discussion de ce lundi 18 septembre sera suivie par un conseil national de la refondation puis par un discours d’Emmanuel Macron la semaine prochaine avant d’en savoir plus concrètement lors de l’examen du projet de loi de finances au Parlement qui révélera enfin les crédits alloués à la transition écologique.
Mais quelles sont donc les mesures prônées par ce secrétariat général à la Planification écologique ?
Le plan de ce conseil formé par Elisabeth Borne est fragmenté en six “familles” :
- les transports
- le logement
- la valorisation des écosystèmes
- la production d’électricité
- l’agriculture
- et la consommation.
Cette planification écologique doit permettre à la France de respecter ses engagements internationaux comme l’accord de Paris sur le climat et le plan européen “Fit for 55”. L’objectif est de réussir à réduire de 55% les émissions de CO2 d’ici à 2030, et de 80% d’ici à 2050. Cependant, ce plan doit batailler face à l’action de certains ministères comme celui de l’Agriculture où son ministre, Marc Fesneau, déclarait cet été que la France “a plutôt des températures qui sont assez normales pour un été”. Un propos plutôt très étonnant lorsque Météo France a classé ce même été comme le quatrième le plus chaud depuis 1900…
Des objectifs surprenants dans la planification écologique
Le secrétariat général à la transition écologique souhaiterait ainsi atteindre le nombre de 3 millions de trajets quotidiens de covoiturage en 2027. Cette valeur paraît très ambitieuse à l’heure actuelle puisque seulement 900 000 sont comptabilisés en 2023. Cette hausse spectaculaire sera très incertaine puisqu’elle tient en grande partie sur la volonté des Français d’adopter ce mode de transport.
Le gouvernement mise énormément sur le dispositif “MaPrimeRénov'” qui vise à faciliter les travaux de rénovations énergétiques dans le logement de particuliers. Le budget de cette structure devrait être doublé selon la promesse faite par Elisabeth Borne dans le Parisien. Selon le SGPE, le nombre de rénovation dépasse légèrement les 500 000 cette année.
Le gouvernement souhaite miser sur des systèmes déjà défaillants
Cependant, les couacs se sont multipliés pour “MaPrimeRénov'”. La Défenseure des droits, Claire Hédon, avait publié en 2022 un rapport sur les dysfonctionnements de cette aide. Des milliers de ménages ont souligné les importants retards de paiement de l’État et la plateforme, 100% digitale, a enchaîné les bugs informatiques. Ce bilan rend sceptique face à l’objectif de 2 500 000 rénovations en 2030.
Dans le volet “écosystèmes, une mesure attire l’œil : le lancement du “Loto de la biodiversité”. Issu d’un amendement du député Renaissance Jean-Marc Zulesi, ce “loto” a pour but, selon le média Reporterre, de “remplir les caisses de l’Office national de la biodiversité”(OFB). Le système est un copier-coller du Loto du patrimoine mis en place en 2018. Chaque ticket, d’un coût de trois euros, doit apporter une partie de ce prix au budget de cet établissement public chargé de la protection de la biodiversité.
Sa création a suscité une vive opposition politique puisque le Sénat avait rejeté cet amendement. L’Autorité nationale des Jeux avait même émis un avis défavorable à ce loto car il présenterait “une offre particulièrement addictive pour les jeunes”. La Française des jeux doit lancer ce “Loto de la biodiversité” le 23 octobre 2023.
Un budget qui pose question
Le financement de cette planification écologique semble délicat à constituer. Selon Franceinfo, Elisabeth Borne avait promis la mobilisation de 60 milliards d’euros. Cependant, seulement sept seront engagés par l’État. Près de 53 milliards d’euros manquent donc à l’appel à ce stade. Le gouvernement miserait sur l’engagement des collectivités locales et de la Caisse des dépôts pour atteindre le budget promis. Réseau Action Climat, une association environnementale, a craint que ce financement “puisse reposer sur les plus précaires ou signifie la baisse de financements pour d’autres axes essentiels de l’action de l’Etat”.