Un vent de contestation se lève à Lévis pour préserver la maison centenaire qui abrite Chocolats favoris depuis 1996. Le sort de cette dernière repose désormais entre les mains du comité de démolition de la Ville. Deux groupes, cette semaine, l’ont imploré de protéger la demeure des pics des démolisseurs.
Les actuels propriétaires de l’entreprise, qui ont fait son acquisition en 2012, affirment avoir envisagé toutes les avenues pour rénover la demeure. Chacune aboutissait à un cul-de-sac, selon les analyses commandées par la compagnie. Chocolats favoris a donc demandé l’autorisation pour démolir son édifice de l’avenue Bégin, située en plein coeur historique de Lévis, pour en ériger un nouveau sur le même lot.
« Cette maison doit absolument être épargnée d’une démolition », clame le Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM) dans une lettre adressée, vendredi, au comité de démolition. « Nous ne pouvons appuyer leurs efforts de tenter de remplacer ce bâtiment à l’architecture exclusive et remarquable par une simili reconstruction, un immeuble pastiche en volume, mais dont les caractéristiques architecturales sont loin d’atteindre, en qualité et en grâce, celles de l’actuel bâtiment. »
Le groupe demande à Chocolats favoris d’expliquer les raisons qui rendent impossibles, à ses yeux, la restauration de l’immeuble. Il demande, de plus, au comité de démolition d’ordonner une contre-expertise indépendante pour valider les défaillances rapportées dans les analyses commandées par l’entreprise.
Un édifice viable ?
Plus tôt cette semaine, c’est la Fédération Histoire Québec qui se portait à la défense de ce qui, à ses yeux, constitue un « magnifique immeuble d’une grande valeur patrimoniale ».
« Nous recommandons fortement de conserver le bâtiment original, car on ne construit pas du “patrimoine neuf”, écrivait le président du comité du patrimoine de la fédération, Clément Locat. Démolir un bâtiment ancien constitué de matériaux nobles pour le remplacer par un simulacre n’est pas une solution défendable. »
Les voix de la Fédération Histoire Québec et du GIRAM s’ajoutent à celles de 105 propriétaires d’édifices patrimoniaux de Lévis qui avaient manifesté leur opposition, plus tôt en octobre, à la démolition de la maison mère de Chocolats favoris.
Aux yeux du GIRAM, l’enveloppe extérieure de la maison suggère que l’édifice demeure viable : ses murs, souligne son vice-président Gaston Cadrin, sont « encore bien droits » et son toit recouvert de tôle « à la québécoise semble en excellent état ».
Chocolats favoris affirme que l’humidité a grugé les murs de maçonnerie jusqu’à les rendre dangereux. Il faudrait soutenir le toit pour les réparer, une manoeuvre que les fondations de l’immeuble ne peuvent supporter, aux dires de l’entreprise.
La Fédération Histoire Québec accueille avec scepticisme ces prétentions. « Nous avons été souvent confrontés, dans le cas de dossiers semblables, à l’évocation de menaces d’effondrement de bâtiments, mais désormais cet argument ne convainc plus personne », écrit Clément Locat. À l’instar du GIRAM, la fédération somme elle aussi le comité de démolition à commander une contre-expertise réalisée par « une firme d’architectes spécialisée en bâti ancien ».
La maison lévisienne de Chocolats favoris ne figure pas parmi les bâtiments patrimoniaux classés en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel. La législation concerne d’ailleurs très peu de bâtiments sur le territoire lévisien, bien que « le Vieux-Lévis est le quartier, au Québec, qui compte la plus grande concentration de bâtiments du XIXe et du début du XXe siècle », selon Michel Lessard, un expert en patrimoine.