Les proches de Trump rattrapé par ses essais de renverser les élections en 2020

Même si les accusations non fondées de fraude électorale et les tentatives de son clan d’invalider le scrutin présidentiel de 2020 ne semblent toujours pas entraver la nouvelle campagne présidentielle de Donald Trump, ce passé n’épargne pas, paradoxalement, les membres de sa garde rapprochée.

À preuve. Mercredi, une juge du tribunal du barreau de l’État de Californie, Yvette Roland, a en effet recommandé la radiation de l’avocat John Eastman, ancien doyen de la Faculté de droit de l’Université Chapman, et ce, en raison de sa contribution à la tentative d’entraver la certification des résultats de la présidentielle de 2020 confirmant la victoire de Joe Biden. Cela s’est joué dans le chaos, à Washington, le 6 janvier 2021.

La juge a retenu 10 des 11 chefs d’accusation pesant sur ce proche de l’ex-président, notamment ceux de « tromperie envers un tribunal », de « fausse déclaration » ou encore de complot pour « entraver le transfert du pouvoir ». La décision finale sur cette radiation est désormais entre les mains de la Cour suprême de la Californie.

Hasard des calendriers, l’ex-conseiller de Donald Trump vient d’être frappé par cette sanction au lendemain de la reconnaissance indirecte en Arizona par Kari Lake de sa culpabilité dans un procès en diffamation. Elle est accusée d’avoir propagé à dessein des mensonges sur l’intégrité du processus électoral de l’État en ciblant particulièrement un fonctionnaire chargé de superviser le vote dans le comté de Maricopa. Ce comté a été mis sous tension par les trumpistes au lendemain de leur défaite en 2020. Kari Lake, candidate au poste de gouverneure de l’Arizona, a rejeté de l’huile sur les braises de la conspiration en 2022, après que les urnes ne lui ont pas accordé ce titre.

Mardi, ses avocats ont déposé une « requête en jugement par défaut » en indiquant qu’elle « ne contestait pas sa culpabilité », a rapporté le réseau NBC. Cette proche de Donald Trump cherche désormais à contester plutôt les dommages et intérêts que la justice pourrait accorder à Stephen Richer, fonctionnaire qui l’accuse de diffamation.

Le 19 mars dernier, Peter Navarro, conseiller du leader aux accents autocratiques durant ses années à la Maison-Blanche, a également marqué l’histoire en devenant le premier membre du cercle de Trump à entrer en prison. Il a été condamné à 4 mois d’emprisonnement pour avoir défié une assignation à comparaître devant le comité de parlementaires chargés de faire la lumière sur l’insurrection lancée contre le Capitole.

Ces trois acteurs clefs de la cosmogonie conspirationniste du populiste viennent allonger ainsi la liste de plus en plus longue des membres de son entourage qui, depuis plusieurs mois, se font rattraper par les gestes posés pour aider le républicain à se maintenir illégalement au pouvoir.

Des complices malmenés

L’ex-avocat de Donald Trump Rudy Giuliani en fait partie. Depuis juillet dernier, il a été placé, lui aussi, face à une recommandation de radiation du Barreau soumise par un comité de discipline de Washington. Ses pairs l’accusent d’avoir « porté atteinte à la démocratie » par des actions « frivoles » et « destructrices » visant à faire dérailler le processus électoral de 2020, et ce, en avançant sur la place publique des affirmations de fraude électorale sans être en mesure d’en apporter la preuve.

Jenna Ellis, une proche de Rudy Giuliani, a pour sa part été blâmée par le Barreau du Colorado il y a un an après avoir admis avoir fait 10 fausses déclarations sur les résultats du vote de la dernière présidentielle pour le compte de l’ex-président et son équipe. Elle avait, entre autres, affirmé sur les ondes de Fox News que 500 000 bulletins de vote avaient été déposés illégalement dans les urnes. Une fraude totalement imaginaire en opposition avec les faits révélés par des dizaines d’enquêtes, y compris plusieurs menées par des républicains. Mme Ellis a par ailleurs plaidé coupable à plusieurs chefs d’accusation pour tentative d’invalidation des élections en Géorgie. L’avocate y a été accusée, aux côtés de Donald Trump, pour avoir comploté afin de faire « apparaître des électeurs » en faveur du milliardaire autoproclamé dans cet État. La Géorgie a été remportée par les démocrates par une mince avance de 11 700 voix.

Les avocats Sidney Powell et Kenneth Chesebro, deux figures importantes de la campagne du clan Trump de 2020 cherchant à corrompre l’expression des urnes pour maintenir le républicain au pouvoir, ont également plaidé coupables dans le cadre de cette même affaire. La date du procès n’a toujours pas été fixée.

Mme Powell, une avocate du Texas, a entre autres contribué à miner la confiance du public dans les machines à voter de la compagnie Dominion, une campagne soutenue par le réseau Fox News au lendemain de la défaite de Trump. Le projet s’est soldé par un procès en diffamation qui a coûté 787 millions de dollars en dommages, versés à cette compagnie par le navire amiral médiatique ultraconservateur de l’empire Murdoch. Kenneth Chesebro, pour sa part, a accompagné John Eastman dans son projet de faire capoter la certification du vote le 6 janvier 2021 en cherchant à obtenir la complicité du vice-président, Mike Pence — en vain —, et en montant un stratagème de faux grands électeurs pour arriver à leurs fins.

« John Eastman […] va être radié. […] Peter Navarro est en prison. Et Trump remporte des tournois dans son propre club de golf. Combien d’idiots va-t-il falloir pour entraîner ce type avec eux en enfer ? » a demandé la psychologue Mary L. Trump, nièce de l’ex-président et critique acerbe du populiste, dans un message envoyé sur le réseau X.

Sans doute bien plus que cela, à en croire le principal intéressé, qui, cette semaine, loin de chercher à se dissocier de cette tentative de vol électoral de 2020 qui porte atteinte à la réputation de plusieurs de ses proches, a plutôt opté pour raviver le slogan utilisé durant cette époque : Stop the Steal (Arrêtez le vol). La formule se voulait une accusation simpliste portée à tort et sans preuve sur l’existence d’une fraude électorale orchestrée selon lui par les démocrates.

« Arrêtez le vol », a-t-il lancé mardi sur son réseau social en sortant d’un tribunal de New York, qui a fixé au 15 avril le début de son premier procès au criminel. Le premier pour un ex-président. Il est accusé de fraude pour cacher une relation extraconjugale lors de sa campagne de 2016.

Le reste du message reprenait ses attaques habituelles contre Joe Biden et plusieurs représentants du monde de la justice, qu’il accuse de conspirer contre lui pour l’empêcher de revenir à la Maison-Blanche.

L’appel a soulevé l’inquiétude de plusieurs analystes politiques aux États-Unis, Stop the Steal étant le nom donné au mouvement qui a mené des milliers de ses partisans à Washington en 2021 et déclenché l’attaque historique et traumatique contre le dôme de la démocratie américaine.

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