Investir en Bourse n’est pas la seule façon de faire gonfler son portefeuille. Certains autres placements, comme les sacs de luxe, peuvent parfois rapporter gros. Au fil des années, les grands noms de la maroquinerie augmentent leurs prix, ce qui donne l’occasion aux férus de mode de revendre leurs biens à profit. Dans certains cas.
« Le prix d’un sac classique Chanel a explosé ces dernières années », souligne Rim Elias, cofondatrice avec sa soeur Rita de la boutique montréalaise Retyche, spécialisée dans la revente de sacs de luxe.
En 2016, un tel sac de taille moyenne se vendait 4900 dollars américains, soit environ 6600 dollars canadiens. Aujourd’hui, il coûte plus du double : 10 200 dollars américains, ou près de 13 800 dollars canadiens.
« La pandémie, avec l’inflation et les perturbations des chaînes d’approvisionnement ont certainement joué un rôle, mais ce n’est pas tout », observe Rim Elias. « Les grandes marques, comme Chanel ou Hermès, augmentent leurs prix pour maintenir le prestige qui leur est associé », dit-elle.
Ling Jiang, professeure de marketing à l’Université du Québec à Montréal, spécialisée en commercialisation de la mode, est du même avis.
« Le luxe, c’est un monde à part. C’est un segment de marché qui ne suit pas les lois traditionnelles de l’offre et de la demande. Normalement, quand le prix d’un produit augmente, la demande pour ce produit diminue. Or, dans le cas du luxe, si le prix augmente, la demande suit », explique Mme Jiang.
Le luxe, c’est un monde à part. C’est un segment de marché qui ne suit pas les lois traditionnelles de l’offre et de la demande. Normalement, quand le prix d’un produit augmente, la demande pour ce produit diminue. Or, dans le cas du luxe, si le prix augmente, la demande suit.
Au cours des dix dernières années, la valeur des sacs de luxe s’est appréciée en moyenne de 60 %, selon un rapport de Knight Frank, une firme de consultation britannique.
D’autres produits de collection ont eu encore plus de succès. C’est le cas des bouteilles de whisky rares (+322 %), des montres (+147 %), des voitures de collection (+118 %) ou encore des oeuvres d’art (+109 %).
Faire des profits, ou pas
Sur les réseaux sociaux, comme TikTok ou YouTube, des internautes racontent comment ils ont réussi à gagner de l’argent en revendant leurs sacs de luxe.
Entre autres, l’influenceuse Mélyssa Métisse Modeuse, qui travaille dans l’industrie du luxe et qui est suivie par près de 27 000 abonnés sur YouTube, se vante sur sa chaîne d’avoir gagné 11 000 euros grâce à ses investissements dans des sacs de collection, soit environ 16 000 dollars canadiens.
D’autres, qui n’ont pas eu autant de chance, déconseillent l’expérience.
« Les sacs qui prennent de la valeur sont souvent des sacs classiques, dans des couleurs neutres. Il faut en prendre soin, les conserver à l’abri de la lumière et de l’humidité, les rembourrer pour qu’ils ne se déforment pas… » explique Rim Elias.
Dès qu’un sac montre des signes d’usure, ou s’il est passé de mode, sa valeur de revente va baisser, précise sa soeur Rita. « Mais, contrairement à un sac de fast fashion que vous n’arriverez probablement pas à revendre, un sac de luxe va conserver au moins une partie de sa valeur si vous en avez pris soin », explique-t-elle.
Pour la professeure Ling Jiang, un sac à main de luxe reste un objet de consommation avant de pouvoir être considéré comme un investissement. « La plupart des gens qui en achètent, c’est pour le posséder, le porter et le montrer, pas pour faire de l’argent », croit Mme Jiang.
Toujours est-il que, si l’intention prédominante des consommateurs n’est pas de faire des profits, ils réfléchissent tout de même de plus en plus à la valeur de revente des produits qu’ils achètent.
Selon le plus récent rapport de ThredUp portant sur la mode de seconde main, la grande majorité des consommateurs de la génération Z, soit 82 % d’entre eux, prennent cet aspect en considération au moment d’effectuer un achat. Toutes générations confondues, ce sont 58 % des consommateurs.
Pour 42 % des jeunes, le fait qu’un produit n’ait pas une bonne valeur de revente peut même carrément les dissuader de l’acheter.
Attention aux contrefaçons
Dans le cas du luxe, pour garantir la valeur des produits, les revendeurs doivent s’assurer qu’il ne s’agit pas de contrefaçons.
À leur boutique, Rim et Rita Elias utilisent la technologie de la société Entrupy pour vérifier l’authenticité des produits qu’elles mettent en marché. Il s’agit d’un petit système attaché à un téléphone intelligent qui permet d’analyser en gros plan les composantes du sac, grâce à une application.
« Ça analyse le tissu, le cuir, les coutures, le logo… Le système compare ça aux photos de leur base de données et ils peuvent ensuite dire s’il s’agit d’un vrai ou non », explique Rita Elias.
Si le verdict de l’application est positif, Entrupy délivre ensuite un certificat, transmis aux acheteuses. C’est un gage de qualité que les consommateurs ne peuvent pas avoir s’ils achètent sur d’autres plateformes en ligne qui ne sont pas certifiées, dit Mme Elias.
Malgré l’inflation et le risque d’une récession économique, les ventes ne baissent pas, témoignent les deux soeurs. « Ça va vite. En moyenne, nos sacs partent en moins de 30 jours », disent-elles.