On entend d’ici un certain public hurler à l’hérésie parce qu’Amazon a osé mettre en avant une personne au genre non défini (et avec des cheveux bleus qui plus est !) en avant pour sa campagne de communication. Et on avoue que ça nous amuse pas mal. Le cliché montre en fait le coeur de cible d’Amazon Luna : les consommateurs et consommatrices qui ne souhaitent pas “s’encombrer” de la possession d’une console de jeux ou d’une solution PC pour profiter d’un catalogue de jeu vidéo.
Se voulant aussi versatile que possible, Amazon Luna est disponible sur iOS, Android, macOS, Windows, smart-TV LG et Samsung, et Fire TV. Le service est donc accessible sur à peu près tous les supports imaginables : télé, PC, smartphone, tablette et tutti quanti. Pour en profiter, il suffit a minima d’un abonnement Prime et d’un périphérique compatible : DualShock PS4, manette Xbox One ou un combo clavier-souris. Quid de la Dualsense PS5 ou de la manette Xbox Series ? Eh bien Luna n’est pas encore compatible avec ces petites merveilles. Notons qu’il est possible d’acheter la manette Luna officielle pour 69,99€ (à 39,99€ jusqu’au 27 novembre grâce à une offre de lancement).

Hijo de la Luna
Le modèle adopté par Amazon Luna est hybride : il permet d’accéder à un catalogue de jeux gratuits pour les membres Amazon Prime, ou de souscrire à des services d’abonnements tiers afin de gonfler le nombre de jeux proposés. L’offre de base pour les membres Prime ne propose que sept titres : Fortnite, Trackmania, Encodya, Qube, Tiny Lands, Ride 4 et Get Packed : Couch Chaos. Une offre très limitée, qui n’est là que pour inciter à mettre la main au portefeuille, et à s’abonner aux services supplémentaires : Luna + (9,99 € par mois), Ubisoft + (17,99 € par mois) et Jackbox Games (4,99 €). En additionnant le nombre de jeux proposés par ces suppléments, on atteint les 227 jeux (rétros ou modernes, de Earthworm Jim à AC Mirage) disponibles sur Amazon Luna, pour la somme de 32,97 €… Une note bien salée. Outre les possibilités d’abonnement, il est aussi possible d’acheter les titres en dématérialisé.
Depuis son lancement en 2020 aux États-Unis, Luna peine à convaincre. Modèle pas vraiment clair pour le grand public, tarif prohibitif face à la concurrence (Xbox Game Pass Ultimate à 14,99 €/mois, 16,99€ pour le PlayStation Plus Premium, et aucun surcoût pour les abonnés Netflix pour jouer aux jeux de leur catalogue), et pas d’exclusivité à l’horizon… Luna n’a pas de réels arguments de vente à l’heure actuelle, malgré une ossature technique solide, basée sur les GPU Nvidia T4, ce qui assure un streaming en 1080p/60fps (la 4K serait dans les tuyaux). Aux dernières nouvelles, fin 2021 seuls 270 000 curieux auraient souscrit au service Luna.

On ne doute pas du fait que le nombre d’abonnés Luna aura grimpé depuis ces données. Cependant, alors qu’aujourd’hui le Game Pass affiche 36 millions d’abonnés, que Netflix brandit le nombre de 2,2 millions d’utilisateurs quotidien pour son service gaming (merci Apptopia) et qu’on trouve plus de 48 millions de joueurs sur le PS+, quelle marge de manoeuvre pourrait avoir Luna ?
Il est difficile de dicerner clairement la stratégie d’Amazon en ce qui concerne l’industrie du jeu vidéo. Entre le programme Prime Gaming et ses jeux mensuels gratuit, la conception et la distribution de jeu (New World, Lost Ark, Blue Protocol), et Luna, impossible de nier la volonté d’Amazon de vouloir sa part du gâteau de notre si lucrative industrie. Cependant, il nous est impossible de nous défaire de l’impression d’être face à un navire qui navigue à vue. Pire encore, il flotte autour de Luna le même parfum de projet qui fonce droit dans le mur, comme si personne n’avait retenu les leçons de l’échec de Google Stadia.