Microsoft recrute le patron limogé d’OpenAI, dont les cadres menacent de partir

Les rebondissements s’enchaînent autour de la start-up OpenAI, dont l’ex-patron débarqué vendredi, Sam Altman, va rejoindre Microsoft, tandis que la plupart des cadres du créateur de ChatGPT réclament la tête des administrateurs et menacent de quitter le navire.

Rien ne va plus au sein du joyau de l’intelligence artificielle (IA) dite générative depuis que le conseil a décidé, vendredi, de remercier le directeur général Sam Altman, accusé de ne pas avoir été « transparent » dans sa communication avec les administrateurs.

Lundi, Satya Nadella, directeur général de Microsoft, actionnaire minoritaire d’OpenAI, a annoncé sur X que Sam Altman et l’ancien président Greg Brockman, démissionnaire, allaient rejoindre le créateur de Windows « avec d’autres collaborateurs […] pour diriger une nouvelle équipe de recherche dans l’IA ».

« La mission continue », a déclaré, sur le même réseau social, Sam Altman, qui à 38 ans est considéré comme une star de la Silicon Valley.

« Nous allons construire quelque chose de nouveau et ce sera incroyable », a ajouté Greg Brockman sur X, en annonçant le recrutement pour ce nouveau projet au sein de Microsoft de plusieurs autres importants collaborateurs d’OpenAI, dont il cite les noms.

« Nous restons engagés dans notre partenariat avec OpenAI et nous avons confiance dans la feuille de route prévue pour notre produit », a cependant ajouté M. Nadella, dont l’entreprise a investi plusieurs milliards de dollars dans les technologies de calcul nécessaires à OpenAI et a intégré cette technologie dans ses propres produits, comme le moteur de recherche Bing.

Ces développements suscitent néanmoins des interrogations sur l’avenir d’OpenAI.

Lundi toujours, plusieurs médias ont publié une lettre adressée au conseil d’administration par la plupart des cadres dirigeants d’OpenAI, demandant la démission des administrateurs, faute de quoi ils s’engageraient à quitter la jeune société de San Francisco.

Selon plusieurs médias, la grande majorité des 770 employés d’OpenAI auraient menacé de partir en cas de refus des administrateurs de renoncer à leur mandat.

Selon Miguel Fierro, cadre de Microsoft, Satya Nadella s’est engagé à embaucher les salariés d’OpenAI qui choisiraient la démission.

« Pas les compétences »

Pour les responsables qui ont signé la lettre adressée au CA, le débarquement de Sam Altman « met en péril » le travail effectué par les équipes d’OpenAI.

« Votre conduite a apporté la preuve que vous n’aviez pas les compétences pour superviser OpenAI », ont écrit les douze dirigeants de la société, parmi lesquels le numéro deux Brad Lightcap et la responsable technique Mira Murati.

Plus surprenant, figure dans la liste Ilya Sutskever, responsable scientifique, qui est lui-même membre du conseil d’administration.

En outre, plusieurs médias américains ont rapporté que cet administrateur aurait joué un rôle clef dans le limogeage de Sam Altman.

 

« Je regrette profondément ma participation aux actions du conseil », a écrit Ilya Sutskever sur X. « Je n’ai jamais voulu causer du tort à OpenAI. »

La structure de gouvernance d’OpenAI donne une importance renforcée au conseil d’administration, qui dépend d’une entité à but non lucratif, laquelle contrôle la société OpenAI.

Dans leur lettre, les cadres reprochent également aux administrateurs d’avoir remplacé Mira Murati quelques heures seulement après sa désignation pour succéder à Sam Altman.

Le conseil a choisi l’ancien directeur général de la plateforme vidéo Twitch, Emmett Shear, pour prendre le relai.

Emmett Shear a, pour sa part, précisé sur X que sa décision a été prise « en quelques heures », évoquant « l’opportunité d’une vie ».

« J’ai accepté ce poste parce que je crois qu’OpenAI est l’une des entreprises les plus importantes qui soient actuellement. Lorsque le conseil d’administration m’a fait part de la situation et m’a demandé d’assumer ce rôle, je n’ai pas pris la décision à la légère », a-t-il commenté. Il prévoit de lancer une enquête indépendante dans les 30 jours pour faire la lumière sur le limogeage de Sam Altman et les soubresauts au sein de la start-up.

Les responsables affirment également que le conseil a indiqué aux équipes que laisser OpenAI se dissoudre serait « cohérent au regard de sa mission ».

« Manque de transparence »

Plusieurs responsables de l’entreprise fondée fin 2015 ont depuis annoncé leur démission, en particulier le président du conseil d’administration, Greg Brockman.

« OpenAI n’est rien sans ses collaborateurs », postaient par ailleurs de nombreux employés sur X lundi.

Dimanche, le Wall Street Journal a affirmé que d’importants investisseurs dans l’entreprise, au premier rang desquels Microsoft et la société de capital-risque Thrive Capital, « faisaient des efforts pour faire revenir Sam Altman ».

Microsoft et Thrive sont les deux plus gros soutiens d’OpenAI, mais « d’autres investisseurs dans la société soutiennent leurs efforts », ajoutait le journal.

Le New York Times a publié des éléments de même teneur. Mais, selon plusieurs médias, le conseil d’administration a confirmé sa décision dimanche.

Ce départ est « le seul moyen d’avancer et de défendre la mission d’OpenAI », a écrit le conseil d’administration (CA) dans une note envoyée à ses employés dimanche soir, selon un article du New York Times diffusé dans la nuit de dimanche à lundi.

« Le comportement de Sam et son manque de transparence dans ses interactions avec le conseil d’administration ont miné sa capacité à diriger efficacement la société de la manière dont il était mandaté pour le faire », a ajouté le CA dans la note citée par le journal.

La mise en ligne de la première version de ChatGPT le 30 novembre 2022 a donné le coup d’envoi à une course dans l’intelligence artificielle. Largement considérée comme une révolution comparable à l’avènement d’Internet, l’IA générative permet de produire textes, lignes de code, images et sons sur simple requête en langage courant.

L’IA générative est considérée comme capable de transformer des secteurs entiers de l’économie. Elle suscite l’enthousiasme, mais aussi de fortes inquiétudes quant à son éventuel danger pour la démocratie (désinformation massive) ou l’emploi (professions remplacées), notamment.

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