Montréal gonflera ses dépenses en transport en commun en 2024

Au moment où la Société de transport de Montréal (STM) entend sabrer dans ses effectifs pour éviter de couper dans son offre de service, le budget de la Ville de Montréal pour l’an prochain prévoit une hausse de 7,2 % de sa contribution financière à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM).

Il s’agit de la plus grande variation des dépenses de la Ville l’an prochain, au moment où son budget frisera les 7 milliards de dollars, en hausse de 235 millions par rapport à l’an dernier. Ainsi, la contribution de la métropole à l’ARTM, responsable du financement du transport en commun dans la grande région de Montréal, sera rehaussée de 48,4 millions en 2023, pour atteindre 715,6 millions de dollars.

Ce sont ainsi 10,2 % des dépenses de la Ville qui iront au transport en commun l’an prochain, contre 9,9 % en 2023.

Or, la grande majorité de cette croissance des fonds accordés à l’ARTM n’ira pas à bonifier le service de la STM, qui a menacé dans les dernières semaines de fermer le métro à 23 h, mais plutôt à couvrir la gratuité du transport en commun pour les aînés de 65 ans et plus. Celle-ci nécessitera ainsi des dépenses de 34,3 millions l’an prochain, une hausse de plus de 10 millions par rapport à la somme qui avait été allouée à cette fin l’an dernier dans le budget de la Ville. L’augmentation des dépenses pour ce projet s’explique du fait que cette gratuité a commencé au 1er juillet cette année, tandis qu’elle s’appliquera pour l’ensemble de l’année en 2024, explique la Ville.

La croissance de ce financement de la Ville au transport collectif inclut également « une nouvelle contribution pour la ligne bleue » du métro, dont le prolongement est prévu jusqu’à Anjou d’ici 2029, de même que des dépenses nécessaires pour ajuster le service de la STM à la mise en service du Réseau express métropolitain (REM), dont la première ligne entre Brossard et Montréal est en fonction depuis la fin juillet. Le directeur général de la Ville, Serge Lamontagne, n’a ainsi pas été en mesure de prévoir mercredi quelle part de cette dépense supplémentaire de plus de 48 millions permettra de financer une partie du manque à gagner de la STM dans son budget d’opération.

Une masse salariale réduite

 

Or, la publication du budget de la Ville survient au moment où la STM a dit craindre dans les dernières semaines de devoir couper dans son offre de service pour couvrir un manque à gagner lié notamment à la baisse de son achalandage dans les dernières années, marquées par la pandémie. Une note interne a notamment évoqué la fermeture possible du métro à 23 h et une baisse de l’offre de service sur certaines lignes de bus de la STM.

Le budget préliminaire de la STM, dont Le Devoir a obtenu copie, mentionne d’ailleurs que la STM prévoit qu’il lui manquera 35,6 millions de dollars pour boucler son budget 2024, malgré les efforts qu’elle a effectués pour réduire ses dépenses de 50 millions de dollars l’an prochain. Pour réduire ses dépenses sans couper dans l’offre de service, la STM entend notamment couper 120 postes corporatifs l’an prochain.

« Il est à noter que la STM est toujours en attente d’une confirmation officielle pour la rémunération 2024. Nous poursuivons nos discussions avec tous nos partenaires pour trouver des solutions renouvelées et viables à long terme pour le cadre financier. De plus, la STM s’engage à poursuivre davantage ses efforts de réduction des dépenses afin de mitiger ce risque financier », relève le budget préliminaire de la STM.

Le budget de la Ville prévoit d’autre part une prévision d’emprunts de 222,9 millions pour répondre aux besoins de la STM, dont la dette brute devrait continuer d’augmenter pour dépasser les 2 milliards de dollars en 2024.

La directrice générale de la STM, Marie-Claude Léonard, répondra aux questions des médias à 11 h 30, en marge d’une conférence de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, sur le budget 2024 de la Ville.

L’ARTM devrait pour sa part déposer son budget jeudi, quelques semaines après que le gouvernement du Québec a déposé son offre finale pour compenser, selon son analyse, pour éponger 70 % du déficit du transport en commun dans la province avec une somme de 265 millions de dollars. Or, ce déficit est en réalité plus élevé selon les villes de la grande région de Montréal, qui réclament du gouvernement une contribution additionnelle de 128 millions pour couvrir 75 % de celui-ci.

Plus de détails suivront.

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