C’est l’histoire d’un entraîneur sportif pour qui rien ne va plus. Jadis une légende de la profession, il est à présent la risée de celle-ci. Divorcé malgré lui et porté sur la bouteille, il a touché le fond du baril. Preuve qu’on peut toujours descendre un peu plus bas : le voici parachuté auprès de la pire équipe de la ligue. Oui, vous avez déjà vu ce film, ou plutôt ces films, que ce soit en contexte de basketball, ou de football américain, ou de hockey, ou de baseball… Dans la comédie sportive Next Goal Wins (Une équipe de rêve), Michael Fassbender joue en l’occurrence un coach de soccer, ou « foot ».
Coécrit et réalisé par le talentueux Taika Waititi, à qui l’on doit les plus singuliers, et par conséquent plus intéressants, Hunt for the Wilderpeople (La chasse aux Wilderpeople), Thor: Ragnarok et Jojo Rabbit (Jojo), le film Next Goal Wins repose pourtant sur une très inspirante histoire vraie (romancée, comme il se doit).
La toile de fond constitue l’un des principaux atouts du film. En effet, l’action se déroule dans les Samoa américaines.
Le protagoniste, Thomas Rongen (Fassbender, correct, mais pas à son meilleur), débarque là-bas à son corps défendant. Cela, après que son employeur, l’United States Men’s National Soccer Team (USMNT), l’y eut envoyé après une frasque de trop lors d’un match. Rongen a ainsi le choix entre un poste dont personne ne veut ou un renvoi.
Dire que l’équipe dont le bouillant misanthrope a hérité est la pire ne relève absolument pas de l’hyperbole : c’est un fait statistique. Au caractériel Rongen de transformer ces perdants en gagnants. Air connu, bis.
Humour inégal
Cela étant, un autre atout du film réside en la personne de Jaiyah Saelua, soit la toute première joueuse non binaire et trans à avoir concouru à la Coupe du monde de la FIFA. Kaimana incarne avec panache cette fa’afafine : un troisième genre reconnu et respecté dans les Samoa.
Le conflit de personnalités qui oppose cette dernière à Rongen donne du piquant à un film qui, sinon, en manque drôlement.
D’ailleurs, la teneur humoristique générale s’avère très inégale. Une fois sur deux, les blagues ratent leur cible, à l’instar des joueurs qui ratent le but à répétition. Là encore, Taika Waititi nous a habitués à mieux.
Et c’est sans parler de la sous-utilisation d’Elisabeth Moss, dans le rôle de l’ex de Rongen : la douée actrice est ici réduite à varier les expressions compatissantes au bout du téléphone.
Certes, le cinéaste va au-delà des clichés exotiques dans son portrait de la communauté locale, mais sa structure, elle, se borne à recycler des formules narratives éculées et hyperprévisibles. Même quand on connaît d’avance leur issue, plusieurs de ces comédies et drames sportifs parviennent à divertir, voire à galvaniser (voir Hoosiers), en insufflant énergie, style, voire subversion (quoique c’est plus rare), auxdites formules.
Next Goal Wins ne fait rien de cela, ou si peu. À ce stade, ça revient presque à compter dans son propre but.