L’indépendance du Québec ne s’accompagnera pas de sacrifices financiers, selon Paul St-Pierre Plamondon. « Ce n’est pas le scénario le plus probable », a-t-il affirmé, dimanche, à la fin d’une semaine qui l’a vu déposer sa version du « budget de l’an un ».
Dans son discours de clôture du conseil national du Parti québécois (PQ), à Saint-Hyacinthe, l’élu de Camille-Laurin a tenu à répondre au premier ministre François Legault, qui avait affirmé cette semaine que l’indépendance, quoique viable, demanderait des « sacrifices » des Québécois.
« Les peurs des fédéralistes, elles sont, à proprement dire, hypothétiques et théoriques », a clamé M. St-Pierre Plamondon devant une foule convaincue, dimanche. Selon lui, les sacrifices de rester dans la fédération canadienne sont beaucoup plus nombreux. Notamment, celui de « léguer à nos enfants le déclin, le statut d’un Québec qui glisse lentement vers l’insignifiance ».
« C’est encore une opération de peur, cette histoire de sacrifices-là », a lancé M. St-Pierre Plamondon lors d’un point de presse, quelques minutes après son discours. « La peur a toujours été l’argument de base du mouvement fédéraliste. »
Bouleversements
En 2005, la future première ministre Pauline Marois avait affirmé que la transition vers un Québec pays générerait cinq années de turbulence économique. Dans son allocution, dimanche, M. St-Pierre Plamondon a d’abord semblé abonder dans le même sens.
« Il me semble que les sacrifices d’être une minorité qui vit un déclin linguistique et culturel et dont les intérêts politiques et économiques ne sont pas bien considérés dans le Canada, lorsqu’on compare ça aux sacrifices d’une transition d’une année ou deux… Poser la question, c’est y répondre », a-t-il lancé dans son discours.
« Ce n’est pas mon argumentaire. Je reprends l’argumentaire de François Legault », s’est justifié M. St-Pierre Plamondon devant les journalistes dans les minutes suivantes. « Même si on devait l’accepter, c’est un cheval un lapin » entre l’option souverainiste et fédéraliste.
En présentant son budget de l’an un, lundi dernier, « PSPP » avait convenu qu’il y aurait des pertes d’emploi associées à la souveraineté, étant donné l’élimination des dédoublements dans certains ministères fédéraux. Les mesures d’attrition qu’il a proposées en ce sens ne représentent pas non plus un sacrifice, selon lui.
« Je rappelle quand même qu’on est dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre et que rien n’empêche non plus le gouvernement d’accompagner ces travailleurs-là vers des emplois équivalents », a-t-il dit.
PSPP estime qu’il fera « plaisir » aux Québécois de travailler « bénévolement » pour l’indépendance. « Il va y avoir une effervescence. On peut appeler ça du travail, mais je ne le vois pas comme un sacrifice pour autant. Ça va se faire spontanément parce que ça va être la fierté qui remplace la peur », a-t-il affirmé dimanche.
« Moi je le fais quand je fais mon sapin de Noël », a-t-il ajouté à la boutade.
Tempête à venir ?
Comme il l’avait fait la veille, Paul St-Pierre Plamondon a fermé le conseil national de son parti en appelant les militants à faire preuve d’humilité devant les bons résultats des derniers mois. Le chef péquiste convient que le PQ a traversé des tempêtes à ses débuts comme chef. Il anticipe maintenant des vents de face, en raison de la place de plus en plus grande de la formation souverainiste dans l’espace public.
« Ça se peut qu’il y ait plus de tomates, mais est-ce que ça doit changer quoi que ce soit à notre action politique ? », s’est-il interrogé à voix haute, devant les journalistes. « C’est ça aussi, peut-être, le piège. S’il y a plus d’animosité qui nous est adressée, est-ce qu’on doit changer notre style pour autant ? »
La veille, l’élu péquiste avait refusé de répondre aux « enfantillages anonymes » d’élus de la Coalition avenir Québec cités dans Le Devoir. L’un d’eux, qui n’a pas voulu être identifié, a critiqué l’image de M. St-Pierre Plamondon en le traitant de « bébé gâté ».
Commission Parent 2.0
En matinée, les militants du Parti québécois avaient adopté à l’unanimité une proposition visant la tenue d’une nouvelle Commission Parent sur l’éducation. Ils se sont toutefois montrés divisés sur une autre proposition visant à définancer graduellement les écoles privées qui refuseraient de se « conventionner ».
Celle-ci a été battue de justesse, après que le député Pascal Bérubé eut invité les membres présents à le faire.