Un policier a été mis en examen, dans le cadre d’une enquête menée sur des accusations de violences policières survenues les nuits d’émeutes, après la mort de Nahel. Il a été placé sous contrôle judiciaire.
Un quatrième agent de police a été placé sous contrôle judiciaire, jeudi 31 août, dans le cadre d’une enquête pour violences commises en marge des émeutes de Marseille, début juillet. Pascal G., un policier des services interdépartementaux de sécurisation des transports en commun (SISTC), est soupçonné d’avoir exercé des violences sur Otman, un homme de 36 ans, dans la nuit du 1er au 2 juillet. L’enquête est menée par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).
Selon les éléments de l’enquête, Pascal G. a frappé Otman à la tête avec une matraque alors qu’il sortait d’un tabac pillé, dans le quartier de la Plaine. Otman a été victime de fractures au visage. Le policier a été interpellé mardi matin et placé en garde à vue. Il a été déféré devant la juge d’instruction mercredi après-midi, puis placé sous contrôle judiciaire, mais sans interdiction d’exercer. Les chefs de cette mise en examen sont “violences aggravées”, “menace ou acte d’intimidation pour déterminer une victime à ne pas déposer plainte” et “abus d’autorité par personne dépositaire de l’ordre public pour faire échec à l’exécution de la loi”, selon le parquet de Marseille.
Le récit de l’interpellation d’Otman
Auprès de Franceinfo, Otman avait témoigné de sa violente interpellation : “Je pensais que j’allais être interpellé parce que j’avais fait une bêtise. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé pour moi. On dirait qu’ils voulaient se faire justice eux-mêmes. Quand je suis sorti du tabac, j’ai pris directement un coup de matraque sur la tête. On m’a éclaté par terre. J’ai senti des coups, puis trou noir. Quand je me suis réveillé, j’ai senti que j’étais menotté et que mon visage glissait au sol. En fait, c’était le sang. J’ai la mâchoire fêlée, ils m’ont cassé au moins quatre dents, j’ai sept points de suture au crâne, la pommette enfoncée.” À la suite de cette interpellation, aucune charge n’a été retenue contre Otman.
Un enregistrement audio accable le policier
La Provence affirme que le policier a été confronté par l’IGPN à un enregistrement sonore. Dans ce fichier, le soixantenaire menace Otman de “représailles” si celui-ci décidait “de porter plainte à son encontre”. Mais cette tentative d’intimidation du policier a échoué puisque la victime a décidé de déposer plainte mi-juillet. Cet audio pourrait peser lourd dans la balance pour le policier incriminé.
Otman a confié à Franceinfo se sentir soulagé face à l’avancée judiciaire, mais il maintient que cinq fonctionnaires et non un seul l’ont violenté durant cette interpellation. Ces faits se sont déroulés la même nuit que la mort de Mohamed Bendriss après avoir été percuté par un tir de LBD, l’éborgnement de son cousin Abdelkarim Y. après un tir de LBD et la violente agression subie par Hedi gravement touché à la tête. Marseille concentre une grande part des enquêtes de l’IGPN suite aux nuits d’émeutes qui ont suivi la mort de Nahel à Nanterre.