Pierre Poilievre veut déranger dans l’espoir de gouverner

Pierre Poilievre joue les trublions au Parlement. Et les membres du Parti conservateur du Canada (PCC) — galvanisés par les derniers rapports de sondages et relevés de compte bancaire — en redemandent.

Les députés se tapaient sur les cuisses lorsque leur « leader » Pierre Poilievre ridiculisait le premier ministre Justin Trudeau qui, selon lui, « tremble en position foetale » dans le coin de son bureau devant la mobilisation des Canadiens déterminés à en finir avec sa politique de tarification du carbone.

Pour lui, la décision du premier ministre d’exempter les propriétaires de fournaises au mazout, dont la proportion est plus importante dans l’est du pays, de la « taxe carbone » pendant trois ans s’inscrit dans une stratégie visant à « diviser pour conquérir » des votes. « [Justin Trudeau] divise les Canadiens en fonction de leur race, leur religion, leur sexualité, leur statut vaccinal et, maintenant, leur région », a-t-il déclaré à des dizaines de députés rassemblés dans le sous-sol du parlement mercredi matin. « Il va démoniser des personnes dans certaines parties du pays pour qu’on ne puisse pas réaliser à quel point la vie est misérable pour tout le monde sous son règne », a-t-il ajouté devant une enfilade de drapeaux du Canada fripés.

Durant la période des questions, Pierre Poilievre a dénoncé l’absence du premier ministre, alléguant qu’« il se cache sous son bureau et qu’il refuse de répondre aux questions », ce que le Règlement de la Chambre l’empêche pourtant de faire. « Puisque le premier ministre ne daigne pas se présenter ici pour faire son travail, ce que je me propose de faire à sa place, pourquoi ne s’enlève-t-il pas du chemin ? » a-t-il demandé, à peine deux ans après les dernières élections générales. Puis, il a tenu tête au président de la Chambre des communes en refusant de s’asseoir.

Les coups de gueule conservateurs rappellent les années Harper à la mémoire du député de Burnaby-New Westminster (Colombie-Britannique), Peter Julian, qui est membre de la Chambre des communes depuis près de 20 ans.

Le recentrage du PCC, sur le fond et sur la forme, attendu par certains électeurs après l’élection de Pierre Poilievre à la tête du PCC se fait toujours attendre.

Le chef conservateur avance vers les prochaines élections générales, prévues en septembre 2025, animé par le « gros bon sens », dit-il ragaillardi par ses sauts hors de la colline du Parlement, durant lesquels il a mis au pas un journaliste incapable d’étayer ses assertions avec des exemples, et ce, tout en croquant une pomme, entre autres choses. Une performance saluée notamment par la chaîne américaine Fox News.

Une attitude politique appréciée de l’électorat. En effet, les derniers sondages créditent le PCC d’une solide majorité parlementaire. L’équipe de Pierre Poilievre s’impose d’un océan à l’autre, sauf au Québec, où le Parti libéral du Canada (PLC) et le Bloc québécois le devancent toujours.

Du coup, le PCC a ouvert deux fronts à l’est de la rivière des Outaouais : le premier contre le PLC, le second contre le Bloc. « [Le Parti libéral] a l’intention de quadrupler la taxe sur le carbone s’il est réélu », « Le Bloc coûte cher », répète le chef conservateur après huit années de gouverne libérale.

La dernière « menterie » du PCC

Pierre Poilievre fait de la politique à coups de « faussetés », de « menteries » et d’« âneries » arrosées de « démagogie », se désolent ses opposants libéraux, bloquistes et néodémocrates. Un exemple ? Le débat sur la « taxe carbone », répondent-ils.

Le PCC cherche par tous les moyens à élever les Québécois contre la « taxe sur le carbone » avec la même force que les autres Canadiens, avec qui il pense en faire la question de l’urne lors du prochain scrutin. Le hic : la taxe fédérale ne s’applique pas au Québec puisque la province a instauré son propre système de plafonnement et d’échange de droits d’émission (SPEDE) il y a déjà 10 ans, y voyant un outil pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES).

Attention, « les Québécois vont devoir payer la “deuxième taxe sur le carbone” qui augmentera non seulement le coût de l’essence, mais aussi celui de l’épicerie », et dont les recettes seront versées dans un fonds vert, avertissent Pierre Poilievre et son lieutenant pour le Québec, Pierre Paul-Hus, qui y voient « un autre scandale libéral ».

Les bloquistes soulignent que la « deuxième taxe sur le carbone », agitée comme un épouvantail par les conservateurs, découle du Règlement sur les combustibles propres auquel le Québec ne sera pas assujetti. « Au Québec, il y a déjà pareille réglementation qui est en application aujourd’hui, en 2023 », a soutenu le député de Jonquière, Mario Simard, tout en invitant les conservateurs à « faire progresser les enjeux que doit affronter la seule nation francophone en Amérique du Nord » plutôt que d’en remettre sur la « taxe carbone ».

Ce faisant, ils éloigneraient la perspective d’être appelés à diriger les destinées du pays sans l’appui d’une pluralité d’électeurs québécois.

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