Pour l’immigration du Québec, d’abord la capacité d’accueil, ensuite le débat de chiffres

Au-delà du débat de chiffres sur le nombre d’immigrants qu’il faudrait accueillir au Québec, c’est plutôt à la capacité d’accueil en région qu’il faut s’intéresser, ont plaidé plusieurs organismes communautaires lors de la quatrième journée des consultations sur l’immigration. Pour ce faire, ont-ils insisté auprès des élus réunis, il faut que le gouvernement s’en remettre à leur expertise et bonifie leurs ressources pour qu’ils puissent offrir des services plus adéquats et augmenter leur taux de rétention.

« Plus il y a de personnes à accueillir et à accompagner dans le processus d’intégration — temporaires comme permanentes —, plus cela demande des ressources, autant humaines, que matérielles et financières », a fait valoir le Regroupement des intervenants en Chaudière-Appalaches, constitué de plusieurs organismes de cette région.

La diversité des situations migratoires et des statuts des nouveaux arrivants commandent aussi des services d’aide ciblés et personnalisés afin que ceux-ci puissent tous contribuer à leur société d’accueil.

Par exemple, les travailleurs temporaires, qui constituent 80 % de la clientèle des organismes de ce regroupement, exigent plus de temps et de ressources que les résidents permanents. « Leur intégration est assumée à bout de bras par les organisations qui ne reçoivent pas un financement conséquent », peut-on lire dans le mémoire.

Aussi, les demandeurs d’asile ont besoin d’avoir accès aux services de garde, au même titre que les autres immigrants, a insisté à maintes reprises Alain Brebion, chargé d’accueil et d’intégration pour la MRC de Montmagny.

Même pour la francisation, les initiatives du gouvernement Legault ratent la cible et ne répondent pas au besoin du milieu. En effet, un portail comme Francisation Québec ne fait qu’alourdir la démarche d’inscription et rallonger les délais, a fait valoir le Regroupement des intervenants en Chaudière-Appalaches, qui compte plusieurs organismes en Beauce.

Plus de sous pour les régions dévitalisées

 

Dans l’est du Québec, en Gaspésie, le Service d’accueil des nouveaux arrivants de la Matanie (SANAM), ne croit pas qu’il existe de « chiffre magique » pour quantifier de manière très précise la capacité d’accueil. Plaidant pour un meilleur financement de son organisme, la directrice du SANAM, Annie Veillette, a toutefois insisté pour que le gouvernement tienne compte des spécificités des différentes régions. Elles ne sont pas toutes à mettre dans le même panier, a-t-elle insisté.

« Un milieu plus dévitalisé comme le nôtre aimerait avoir plus de ressources. […] Si on avait une enveloppe modulée en fonction du niveau de dévitalisation, ça nous donnerait une chance. »

Le Conseil consultatif des relations juives et israéliennes presse lui aussi le gouvernement d’adopter une politique de financement « plus souple et davantage axée sur les besoins » et non pas seulement basée sur la région où le nouvel arrivant s’installe. « Décider où les fonds sont alloués sur une base géographique crée une vision en silo », a soutenu l’organisme.

Contrer l’exil dans le ROC

Appuyant la proposition d’accueillir — au minimum — 60 000 immigrants permanents, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) a elle aussi recommandé de « bien préciser les éléments qui définissent notre capacité d’accueil » et de consulter les parties prenantes pour l’améliorer. Son président et chef de la direction, Michel Leblanc, a également rappelé qu’il était important de réduire les délais demeurer concurrentiel avec les programmes d’immigration permanente dans le reste du Canada.

Devant les parlementaires, l’Association du Barreau canadien a abondé en ce sens en exprimant sa crainte de voir plusieurs candidats à l’immigration permanente s’exiler vers d’autres provinces, en raison des délais accrus pour immigrer au Québec et de la nouvelle obligation de parler le français.

« Choisir la connaissance du français comme critère de sélection prioritaire et éliminatoire risque d’engendrer une fuite des compétences et des talents francophiles et francotropes qui seront attirés par des programmes plus accessibles ailleurs au Canada », s’est inquiétée l’ABC, Division Québec.

Selon le directeur de la Clinique d’information juridique Concordia Student Union, Walter Chi-Yan Tom, si le nombre de Certificat de sélection du Québec délivrés à des étudiants n’augmente pas significativement, « c’est qu’ils vont aller chercher [la résidence permanente] ailleurs. » Il a par ailleurs déploré que les étudiants des universités anglophones soient exclus du Programme de l’expérience québécoise (PEQ).

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